Ma culture des Pinguiculas mexicains
Originaires des montagnes Mexicaines, ces Pinguiculas sont assez atypiques quant au mode de culture
qui diffère sensiblement de ce qui est la norme pour les plantes carnivores de marais.
Les Pinguiculas mexicains ne poussent pas en tourbière. Ils fréquentent des falaises calcaires, fixés
aux parois verticales, incrustés dans des failles, ou au pied de celles-ci, dans un mélange de gravier, de roches
décomposées et d'humus.
Le compost sera donc granuleux, poreux, bien drainant, mais surtout alcalin, avec un peu de matières
organiques que les Pinguiculas savent absorber par leurs racines.
L'été, les températures peuvent être caniculaires, mais les falaises encaissées fréquentées par nos
plantes restent ombragées et (relativement) fraîches.
De plus, les fréquentes précipitations apportent une humidité appréciable, suitant à travers la roche,
coulant dans les failles, ruisselant au pied des falaises.
L'hiver, par contre, les précipitations sont très rares, mais brumes et brouillards fréquents, certaines
rosettes d'hiver développant des poils (non carnivores) ou un fin duvet apte à capter ces gouttelettes
d'humidité atmosphérique.
Culture
Pots
Aussi hérétique que celà puisse paraître, j'utilise des pots en terre. Le sol y respire mieux, et la
terre du pot diffuse une humidité par évaporation qui est loin d'être néfaste aux plantes.
La taille va de 8cm pour quelques plantules, à 12cm voire plus, pour des plantes adultes.
Substrat
Inspiré de Pinguicula.org
Le sol doit donc être granuleux, drainant, mais garder l'humidité sans asphyxier les racines, alcalin
mais en contenant un peu de matières organiques.
Dans un sol asphyxiant, trop lourd ou acide (tourbe majoritaire) les racines ne pénètrent pas, restent
chétives et en surface, la plante ne s'ancre pas dans le sol. Le sol restant trop humide, la pourriture
guette, souvent le coeur de la plante brunit et c'est la fin.
Un sol trop minéral (sable, perlite, pouzzolane) ne nourrit pas la plante qui restera plus petite mais
néanmoins saine. Là non plus, les racines ne pénètrent que peu dans ce sol meuble, instable, stérile. Là aussi,
le manque de développement du système racinaire est signe d'une inadaptation du compost.
Le substrat que j'utilise maintenant est composé d'éléments drainants de différentes granulométries, d'un
peu de tourbe (brune serait mieux, mais je n'ai que de la blonde), et de granulés d'argiles alcalines
(litière pour chat 100% argiles naturelles - la plus bas de gamme en grande surface). Une fois mouillés, ces
granulés "fondent", imbibent tout le compost et servent aussi de liant.
Sur l'image à gauche, même tenu à l'envers, le pot reste indemne, le sol, même complètement sec en hiver, reste
compact, adhère bien dans le pot grâce à la tourbe et surtout l'argile.
Bien enracinées dans ce compost qui leur
plait, les plantes sont également ancrées dans le sol et ne se détachent pas comme dans un sol trop acide
que leurs racines répugneraient à pénétrer.
J'utilise donc en volumes égaux les éléments figurant sur la photo (cliquez dessus) ci-contre. En partant de la gauche,
dans le sens des aiguilles d'une montre :
- Mélange final, prêt à l'emploi
composé en volumes égaux de :
- Aqualit (ou pouzzolane). Drainant < 10mm
- perlite. Drainant < 5mm
- vermiculite. Drainant < 5mm et rétenteur d'humidité
- sable pour aquarium (quartz). Drainant < 1mm
- Litière pour chat (100% argiles naturelles). Correcteur de pH, liant assurant la cohésion du compost final.
- Tourbe tamisée. Liant, apport en azote pour les racines.
Cycle saisonniers
Une année de croissance des Pinguiculas mexicains se partage en deux saisons bien distinctes :
- Un été chaud et humide
- Un hiver frais et sec
L'été
La saison d'été débute assez tôt chez les Pinguiculas mexicains. En avril/mai, des feuilles
plus larges se forment au coeur de la rosette d'hiver.
Cette rosette d'hiver de Pinguicula gypsicola est composée sur le pourtour de petites feuilles
aux poils non carnivores, mais performants dans la capture de l'humidité atmosphérique des brumes et brouillards
hivernaux.
Du coeur, surgissent les 5 premières feuilles de la rosette d'été à venir, garnies de poils carnivores
bien visibles (cliquez sur l'image...)
Dès les premiers signes de changement de feuilles, je recommence à arroser. Par le dessus au début, jusqu'à ce que
l'eau traverse le pot et coule en dessous.
C'est là, la période la plus critique pour les retardataires. Jusqu'en juin, certaines
peuvent rester en sommeil, les rosettes ou hibernacles bien verts et bien sains, mais sans donner
signe du moindre réveil.
Certaines n'attendent qu'un peu d'arrosage pour démarrer (les gentilles). D'autres pourriront au contact
de la moindre goutte d'eau. Prudent, dans ce cas, d'avoir plusieurs potée pour tester...
Dans la serre, l'été, les températures peuvent atteindre 35°C, mais l'hygrométrie est élevée, le sol de la
serre étant mouillé en permanence.
Ce régime d'été, appliqué du mois de mai jusqu'en octobre, consiste à
laisser les pots tremper dans 1cm d'eau, de préférence déminéralisée pour
éviter de trop importants dépôts d'évaporation à la surface des pots, puis
de laisser sécher (le fond, pas le contenu des pots) quelques jours avant de remettre 1cm d'eau.
L'hiver
Courant octobre, les nouvelles feuilles deviennent sensiblement plus petites, plus charnues...
Parfois même se réduisent à un hibernacle enterré (P. macrophylla, P. heterophylla,...)
Les plantes se préparent aux conditions hivernales plus sèches, plus froides, et sans insecte.
Pour résister au froid (parfois au gel pour les espèces les plus en altitude)
les feuilles se réduisent en taille, formant une rosette plus serrée, plus compacte.
Plus besoin de feuille carnivore, mais il faudra capter (poils, duvet) et stocker (feuilles succulentes)
la rare humidité disponible.
Les plantes à droite sont clairement en train de remplacer leur rosette d'été par des feuilles d'hiver.
C'est le moment où j'arrête tout arrosage et je laisse lentement le bac se vider, les pots sécher.
Les plantes encore en végétation active sont arrosées individuellement, par le haut.
Jusqu'au printemps, les plantes n'auront plus d'eau ! Selon les jours, l'hygrométrie de la serre varie de 60 à 90%,
lors des journées les plus chaudes, je pulvérise légèrement, à peine pour réhydrater en surface, mais que
ce soit sec avant la nuit.
Un chauffage électrique, sur thermostat, garantit dans la serre une température minimale de 5°C, mais lors
des journées ensoleillées, ça peut vite monter à 25°C.
Ci-dessous, quelques variations saisonnières...
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En rosette d'été |
En rosette d'hiver |
Pinguicula cyclosecta |
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Pinguicula debbertiana |
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Pinguicula ehlersiae |
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Pinguicula esseriana |
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Pinguicula gracilis |
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Pinguicula gypsicola |
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Pinguicula hemiepiphytica |
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Pinguicula immaculata |
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Pinguicula laueana |
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Pinguicula macrophylla |
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Pinguicula moranensis var alba |
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Floraisons
Si les rosettes collantes, subtilement colorées par le soleil, ne sont pas dénuées d'intérêt, c'est par leurs fleurs
que les grassettes peuvent aussi nous séduire.
Plutôt hivernale, la floraison peut selon les espèces se produire en début, en milieu ou en fin d'hiver. Parfois
solitaires, parfois groupées, les fleurs de Pinguicula restent ouvertes plusieurs semaines, permettant à certaines
espèces particulièrement florifères de nous offrir leurs fleurs successives pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Si P. agnata, P. rotundiflora, P. kondoi et P. laueana fleurissent en avril/mai, encore en rosettes d'hiver ou dès
l'apparition des premières feuilles d'été,
P. cyclosecta préfère l'automne alors que P. esseriana produit ses nombreuses fleurs pendant
presque tout l'hiver.
Pinguicula agnata "Long Yellow Leaf" |
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Pinguicula cyclosecta |
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Pinguicula debbertiana |
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Pinguicula ehlersiae |
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Pinguicula esseriana |
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Pinguicula gigantea |
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Pinguicula gracilis |
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Pinguicula gypsicola |
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Pinguicula ibarrae |
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Pinguicula immaculata |
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Pinguicula jaumavensis (=P. esseriana) |
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Pinguicula kondoi |
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Pinguicula laueana |
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Pinguicula laxifolia |
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Pinguicula macrophylla |
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Pinguicula medusina (= P. heterophylla) |
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Pinguicula rotundiflora |
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Pinguicula X "Bailly" |
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Pinguicula X "L'Hautil" |
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Bouturage
Rien à changer à cet article écrit en 2002...