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Drosophyllum lusitanicum à Ubrique, Espagne.
(Photos Lionel Léopoldès)


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Drosophyllum lusitanicum

(Lionel Léopoldès)



Dans cet article, je vais vous parler de cette plante étrange qu'est Drosophyllum lusitanicum et plus particulièrement de son milieu de vie et des méthodes de culture que l'on peut mettre au point afin de garder le plus longtemps possible de beaux pieds de Drosophyllum.

I/ DESCRIPTION:
Cf. l'article de la page 90 Plantes Carnivores Marcel Lecoufle ou leSavage Garden de Peter d'Amato.

II/ MILIEU DE VIE :
En juillet 2001, j'ai voyagé en Espagne du sud à la recherche de site naturel de Drosophyllum. J'ai eu la chance d'admirer le site d'Ubrique dont la position géographique m'avait été donnée par Alain Chauchoix. Je suis arrivé par avion à Malaga puis un taxi nous a amené à notre hôtel de San Pedro del Acantara. Le site se trouve à une trentaine de kilomètres de notre point de chute mais à au moins une bonne heure de route. Pour vous mettre dans l'ambiance, il faut vous imaginer un pays coupé en deux, un très net contraste entre la mince plaine côtière et les profondes montagnes de l'intérieur des terres. La mer est plutôt froide en raison de la proximité de l'océan, en revanche l'air est surchauffé. Ce deuxième contraste a pour effet la genèse de brumes matinales particulièrement épaisses venant du large et s'enfonçant loin à l'intérieur des terres. Je me suis réveillé un matin avec ce brouillard devant la porte, on n'y voyait goutte. Vers midi, la brume s'évapore comme par enchantement et laisse le soleil maître du ciel. Le site de plantes carnivores se trouve en montagne assez loin de la mer mais suffisamment près pour recevoir ces brumes. La route menant au but de mon voyage est assez bonne mais très sinueuse, ce qui interdit des vitesses rapides. J'ai tout le loisir de contempler un paysage typiquement méditerranéen. Les flancs de montagne abrupts sont colonisés par les bruyères, les genêts et les buis tandis que les fonds de vallée et les pentes douces sont plantées de chênes lièges, de marronniers et de cultures vivrières. Le règne minéral n'est pas en reste, il conditionne intégralement le paysage en faisant apparaître falaises et rochers derrière le couvert végétal. La roche semble être essentiellement calcaire mais nous le saurons lorsque je serai descendu de voiture.

Après une bonne heure de route, j'arrive sur le site, je le reconnais facilement car Alain avait eu la présence d'esprit de me faire parvenir la photographie d'une falaise caractéristique visible depuis la route. Il est presque midi, la température monte mais ne dépasse pas les 28oC. Le sol est blanc, jonchés de rochers et de cailloux qui se sont décrochés de la falaise. Le site s'avère être une ancienne carrière. Le sol est tiède et non brûlant comme je me l'étais imaginé. Après un quart d'heure de recherches infructueuses les Drosophyllum se laissent enfin observer. Ils sont en majorité de petite taille, environ 15 cm de haut sur 20 de diamètre, quoique quelques exceptions dépassent les 20 cm de haut sur 40 cm de diamètre. Les pieds ayant fleuri durant l'année sont faibles et vont certainement mourir. Les Drosophyllum poussent dans un sol silico-calcaire. La roche est en fait un magnifique grès blanc dont le ciment est calcaire (carbonate de calcium) et peut être même dolomitique (carbonate de calcium + carbonate de magnésium). Le sol est composé de gravier grossier gréseux (les échantillons peuvent dépasser les 5cm), de sable de quartz (particule d'un millimètre de diamètre) et d'une poudre calcaire. La matière organique est quant à elle quasiment absente, elle ne doit pas dépasser les 10% en volume ; on peut d'ailleurs se demander ce qui pourrait se décomposer en humus dans pareil environnement, les genêts, les bruyères ? Je continue mon investigation et me dirige vers le maquis pour observer le Drosophyllum en milieu vraiment naturel car la carrière est née de l'activité humaine. Quelques pieds de Drosophyllum poussent contre et sous les bruyères, ils sont plus âgés que ceux que j'ai rencontrés dans la carrière, un pied possède même un tronc d'un bon mètre de long mais la partie végétative est assez laide et plutôt déshydratée, il doit certainement souffrir de la concurrence pour l'eau que lui livrent les bruyères. Mes observations contredisent curieusement celles couchées par Alain dans un article du bulletin numéro 41 de l'année 1999 dans lequel il relate avoir vu de magnifiques Drosophyllum dans les bruyères, peut être n'ai-je pas vu les même zones du site que lui !

III/ LA CULTURE DE Drosophyllum lusitanicum :
Après quatre ans d'essai, je peux enfin vous proposer une méthode de culture au point. Celle-ci est née chez Gérald Bach et fut perfectionnée par mes soins il y a 2 ans. Les intuitions de Gérald et mes observations en Espagne nous ont amenées à revoir la méthode proposée par Slack il y a près de 20 ans. Cette fameuse méthode du double pot est très intéressante mais Slack c'est bien gardé de nous donner l'exacte composition de son mélange de culture.

Mélange de Culture :

Je vous conseille d'utiliser un grand pot blanc à réserve d'eau de type « Riviera ». Le mélange se compose de 50% (en volume) de pierre calcaire de diamètre compris entre 4 et 7 cm, 30% de sable de quartz ou de silice dont les particules on un diamètre compris entre 1 et 2 mm environ. Il ne faut surtout pas descendre en dessous du millimètre car le sol risque d'être asphyxiant (on trouve ce sable à bas prix chez les fournisseurs de matériels de construction), 20% de poudre et de gravier calcaire, 20% de matière organique telle de la tourbe blonde, ne pas dépasser les 25% de tourbe. Je vous déconseille d'utiliser de la perlite ou de la vermiculite, ces matières ont tendance à retenir un peu trop l'eau

Arrosage et Exposition :

L'arrosage s'effectuera toujours par le bas directement dans la réserve. En été vous pouvez placer votre plante en plein soleil même derrière une vitre, la réserve d'eau devra être remplie au 3/4. L'eau remontera par capillarité entre les grains de sable. En hiver, on arrose moins car les basses températures conjuguées à une forte hydratation du substrat sont néfastes pour la plante. La réserve d'eau sera donc pleine au 1/4. Veiller à ce que la plante bénéficie même en hiver d'un maximum de lumière sinon elle mourra rapidement.

Engrais :

Ne donner ni engrais liquide ni engrais solide à votre plante, par contre vous pouvez sans problème badigeonner ses feuilles de blanc d'oeuf.

Multiplication :

Le bouturage semble être impossible, par contre la plante donne facilement des graines suite à une floraison auto-féconde. Ces graines sont protégées par un tégument noir très résistant qui empêche la graine de germer s'il n'a pas été partiellement dégradé. Il est donc préférable quand vous semez ces graines d'abraser au préalable ce tégument. Vous pouvez utiliser du papier de verre. On frotte la graine contre ce papier jusqu'à voir apparaître l'albumen (en blanc), il ne faut surtout pas détruire la petite excroissance surmontant la graine d'où partira le germe. La graine peut être placée sur une terrine de tourbe 40% et de sable 60% en atmosphère très humide, quand le petit pied aura atteint une dizaine de centimètres de haut, on peut le transférer dans sont pot final motte entière.

IV/ OU SE PROCURER Drosophyllum ?

Plante entière :
JJ Labat propose des plants adultes à la vente. Vous pouvez également en trouver dans certaines expositions plantes carnivores notamment en Suisse.

Graines :
De nombreux grainetiers plantes carnivores proposent du Drosophyllum, néanmoins les graines demeurent assez coûteuses, environs 1.5-2 euros les trois.

Pour plus d'information et si vous désirez vous rendre sur le site que j'ai visité vous pouvez m'écrire à : Lionel Léopoldès, 9 rue du raisin, 68700 Cernay, ou m'envoyer un e mail sur lionel.leopoldes@libertysurf.fr.



DIONÉE 48 - 2002