Sachez identifier Drosera nidiformis dans vos collections

(Traduction par M. LEGRAND de : Drosera nidiformis, de R. GIBSON, publié dans Bulletin of Australian Carnivorous Plant Society, vol. 20, n°2, juin 2001.)


Drosera nidiformis est d'introduction relativement récente en culture et a provoqué un certain remue-ménage dès qu'il a s'agit de l'identifier. C'est une espèce attrayante et plutôt docile en culture classique.

Au début des années 1990, des semences d'un Drosera sp. "Magaliesberg" ont commencé à apparaître sur les listes de graines. En arrivant, ce rossolis sud-africain suscitait à la fois intérêt et confusion. Il passait pour une forme de D. madagascariensis, mais ne constituait pas de tige. Et de toute façon, où se trouve Magaliesberg ?

Ce rossolis est de croissance continue et forme une attrayante rosette semi-érigée de feuilles en forme de pagaies, longues de 8 cm. La feuille possède un limbe ovale qui se fond imperceptiblement en un pétiole long et étroit. A sa base, se trouve une petite stipule triangulaire, divisée inégalement en 3 parties. L'envers de la feuille est couvert de poils blancs évidents. Les plantes produisent habituellement au coeur du printemps une seule hampe florale, qui possède une couverture de poils courts, glandulés, et se termine en une courte grappe unilatérale de fleurs. Celles-ci produisent des pétales roses remarquablement veinés et mesurent environ 12 mm de diamètre à l'épanouissement.

Les 3 styles sont divisés à partir de la base en 6 segments, et chacun d'entre eux se partage une nouvelle fois à l'approche de l'apex pour produire 12 lobes stigmatiques. La plupart des fleurs donnent une semence courte et fusiforme, d'un gris-brun très foncé, de 1 mm de long. Des bractées linéaires (étroites et allongées), dotées de glandes pédonculées courtes, apparaissent à la base de toutes les fleurs, exceptée la plus basse.

D. nidiformis a été décrit par Debbert (1991). Sa publication, principalement à cause du texte rédigé seulement en latin et en allemand, et par l'absence de représentation de ce droséra, est restée assez confidentielle. Les plantes issues de la localité type furent cultivées à Munich et sont probablement à l'origine des graines et des plants qui ont lentement commencé à être diffusés dans les collections tout autour du monde. En chemin, la plante a été baptisée de différents noms.

En Australie, il est généralement connu en tant que D. sp. 'Magaliesberg'. Il s'agit d'une fausse appellation puisque la localité type de cette espèce se trouve dans la province du Natal (Debbert, 1991), probablement aux alentours de Durban. La région de Magaliesberg est en fait à 550 km au nord-ouest. Même si cette zone abrite Drosera collinsiae, qui lui ressemble superficiellement, elle n'est pas susceptible d'offrir le meilleur climat pour notre rossolis côtier.

On s'est demandé si ce rossolis était une forme sans tige de D. madagascariensis. Toutefois, le rossolis de Madagascar, qui pousse naturellement dans le Natal et près du massif de Magaliesberg, reste de croissance hivernale et doté d'une tige.

A la fin des années 90, l'affinité de ce droséra avec D. dielsiana a entraîné une réduction à la synonymie (Schlauer, 1996). Bien que basée sur des caractéristiques morphologiques évidents, cette assimilation taxonomique a été annulée par une forte demande populaire née des amateurs de plantes carnivores. Sa proche parenté avec D. dielsiana a toutefois été remarquablement démontrée par le croisement de ces deux espèces. L'hybride est fertile et est morphologiquement l'intermédiaire des deux parents ; il porte l'appellation informelle de D. x "snyderii", du nom de son obtenteur.

D. nidiformis est de culture aisée sous un régime classique, réussissant dans les conditions sous lesquelles les droséras à croissance continue,Sarracenia, Cephalotus et Dionaea prospèrent. Ce rossolis peut faire penser à un D. anglica pubescent et sans dormance, au vu de la forme de ses feuilles et de la plante en général. A tous les égards, il se comporte comme un "rossolis classique". Sa principale bizarrerie est l'apparente sensibilité de ses fleurs. Au cours des années où j'ai vu et cultivé cette espèce, j'ai rarement observé une fleur épanouie. Il semblerait que le bouton floral réclame une exposition à des températures de 30-35oC pour s'ouvrir. Mais même alors, les fleurs ne s'ouvrent que brièvement et se referment rapidement si la température descend pour quelque raison que ce soit. Cela ne devrait pas représenter un problème pour les collectionneurs des régions les plus chaudes. Mais étant donné que cette espèce s'autoféconde aisément, l'épanouissement rare et bref de ses fleurs ne brimera pas pour autant sa production de graines. Autrement, il peut être bouturé par les feuilles.


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Légende :
(A) Ensemble de la plante en fleurs ;
(B) envers de la feuille ;
(C) coupe du pétiole ;
(D) inflorescence avec fleurs en boutons ;
(E) pétale ;
(F) sépale ;
(G) ovaire, styles et étamines ;
(H) bractée ; et
(I) graine.
Echelle graphique 1 mm.
N.B. : les paires (E) et (F), et (H) et (I) sont dessinées respectivement à la même échelle.

Bibliographie :

  • DEBBERT, P. (1991). «Einige neue arten der gattungen Drosera undPinguicula » . Mitt. Bot. Staatssammi, München, 30 : 373-380.
  • SCHLAUER, J. (1996). «A dichotomous key to the genus Drosera L.».Carnivorous Plant Newsletter, 25 : 67-88.



DIONÉE 47 - 2002