Utricularia menziesii R. Br. (Serge Lavayssière)
Si certaines plantes pygmées ont été qualifiées de «joyaux botaniques», ce terme s'applique sans conteste à Utricularia menziesii, fleur de rubis, rosette d'émeraude dans un écrin étincelant de sable blanc humide reflétant le soleil. Depuis 10 ans dans un de mes terrariums, cette plante sans soucis fleurit régulièrement en chaque début d'année. Vous ne la connaissez pas ?
Taxinomie et systématique Utricularia menziesii a été décrit par R. Brown, dans Prodomus Florae Novae Hollandiae en 1810, en hommage à Archibald Menzies (1754 - 1842), botaniste anglais ayant accompagné le Capitaine Vancouver lors de son exploration de la côte de Western Australia en 1791. Peter Taylor classe Utricularia menziesii dans la section Pleiochasia, avec U. volubilis, U. helix, U. benthamii, U. inaequalis, U. violacea,U. dichotoma, U. terra-reginae, U. novae-zelandiae, U. monanthos,U. uniflora, U. kimberleyensis, U. georgei, U. hamiltonii, U. triflora, U. arnhemica, U. tridactyla, U. singeriana, U. fistulosa , U. tubulata,U. lasiocaulis, U. kamienskii, U. kenneallyi, U. leptorhyncha, U. albiflora,U. quinquedentata, U. holtzei, U. rhododactylos, U. cheuranthos,U. capilliflora, U. dunloppi , U. dunstaniae, U. antennifera, toutes espèces originaires d'Australie, de Nouvelle-Zélande ou de Nouvelle-Calédonie.
Nom commun : «Red coats» (manteaux rouges)
Origine géographique Western Australia, extrémité sud-ouest, jusqu'à 200km au nord de Perth sur la côte ouest, et Esperance sur la côte sud.
Habitat Utricularia menziesii se rencontre dans des prairies argilo-sableuses périodiquement inondées, sur sable tourbeux en bordure de marais, ou dans la mousse humide des affleurements granitiques. Tous ces biotopes sont complètement secs en été.
Description Utricularia menziesii est une plante vivace, terrestre, passant une partie de l'année en dormance sous forme de tubercules enterrés. En hiver, la plante forme une rosette dense de 2cm de diamètre de feuilles vertes, longuement pétiolées, larges de 2mm et longues de 5. Les utricules de 1,5mm de long sont souterrains, mais également entre les feuilles de la rosette souvent submergée. Les fleurs, rouge sang avec un palais jaune vif, sont solitaires, perchées à 4 ou 5cm au dessus des rosettes.
En été, la plante se réduit à un réseau de racines sèches, blanches, au milieu duquel sont abrités les tubercules blancs, de 5 à 7mm de long, en forme de grains de riz.
Mode de culture Utricularia menziesii semble se plaire dans mes cultures. Elle ne demande que peu d'attention, seulement à des périodes de transition facilement repérables avec un peu d'observation. La croissance au fil des ans est lente, mais régulière.
Cette plante se cultive selon une alternance saisonnière très stricte. En été, chaud et sec en Western Australia, les tubercules doivent rester à température ambiante, au sec. En hiver, la plante a besoin de fraîcheur, de beaucoup d'eau et de lumière.
Je cultive la mienne dans un petit terrarium extérieur, sur le rebord d'une fenêtre exposée sud-est (soleil du lever jusqu'en début d'après-midi). L'atmosphère y est saturée. Il est en hiver enveloppé dans une feuille de plastique à bulles (très léger ombrage), un thermostat calé sur un minimum de 5oC déclenche un câble de chauffage pour aquarium à reptiles. Utricularia menziesii pousse dans un pot plastique de 6 cm, à moitié immergé. Le compost est composé de 3 parties de sable très fin pour une partie de tourbe blonde.
Après avoir passé l'été au sec, la plante se réveille généralement en octobre. Des petites feuilles vertes apparaissent à la surface du compost. C'est le moment de mettre le pot à l'humidité, trempant dans 2 à 3 cm d'eau. Par périodes, surtout pendant la floraison, il est possible d'immerger totalement la rosette.
La floraison survient en janvier/février, les fleurs restant ouvertes près d'un mois. Une seconde floraison se produit parfois également en mars/avril.
En avril, les rosettes prennent assez vite une coloration jaune. Je laisse alors le pot dans le terrarium, mais je le pose sur un pot renversée pour le sortir de l'eau. Il se draine ainsi pendant une dizaine de jours. Je le sors alors, et le laisse complètement sécher avant de le stocker pour tout l'été dans une boîte plastique, à la température de la pièce.
En août, et surtout en septembre, je réhumidifie par pulvérisation une ou deux fois par mois.
Préparez un mélange humide de 3 parts de sable très fin pour 1 part de tourbe blonde. Tapissez le fond d'un pot d'au moins 6 cm avec un peu de sphagnum (sec ou vivant) pour obturer les trous de drainage. Tassez le sphagnum et remplissez avec le compost sableux. Enterrez le groupe de tubercules à 1cm maximum de la surface. Laissez sécher le compost, puis conservez le pot au sec jusqu'au réveil.
Multiplication Malheureusement la multiplication est lente et ne peut être forcée. En l'absence de graines (auto-pollinisation inefficace ? manque de pollinisateurs ?), il ne faudra compter que sur la multiplication végétative.
De plus, la plante semble ne pas apprécier les divisions artificielles. Il est tentant de couper en deux un gros paquet de tubercules, malheureusement, les plantes qui en résulteront seront très faibles, grossiront lentement si elles ne succombent pas avant. Il faudra se contenter des divisions spontanées de la plante et les séparer lors d'un rempotage.
Annexe :quelques dates importantes dans la vie de ma plante : 11.01.1992 Reçus d'Allen Lowrie, 2 groupes de 3 tubercules chaque. 16.03.1992 Les deux plants ont bien démarré. 21.05.1992 Une plantes a séché, nombreux tubercules. L'autre est jaune. Pot mis au sec. 10.10.1992 Une plante se réveille. [...] 07.12.1994 Division spontanée : 2 plantes. [...] 25.01.1998 Première fleur !!! [...] 31.01.2002 2 rosettes, 2 fleurs. Superbe !
Bibliographie :
DIONÉE 47 - 2002
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