Les mouvements rapides du piège chez Dionaea muscipula (Geoff FINDLAY)Traduit par Isabelle FRÉMON
Article paru dans Bulletin of Australian Carnivorous Plant Society, vol. 19, n°2, juin 2000. Son auteur
est un éminent chercheur au Département des Sciences Biologiques de l'Université de Flinders
(Australie). Il a étudié les mouvements chez les végétaux pendant plusieurs années et nourrit un intérêt
particulier pour Stylidium.
Fortuitement, cet article servira ici de complément à celui de Laurent Legendre, en offrant une
interprétation légèrement différente du processus.
La pression turgescente des cellules végétales est maintenue par la
présence de solutés, principalement des sels de potassium, à l'intérieur de la
cellule. Ces solutés sont transportés dans la cellule à travers la membrane
externe, la membrane plasmatique, par des protéines qui agissent comme des
pompes à ions et solutés. Alors que la cellule doit elle-même pomper, sa paroi
s'étire et son volume augmente. Quand les solutés sont partis, la pression
turgescente baisse et la taille de la cellule diminue (cf. Taiz & Zeiger, 1998).
Chez Dionaea, quand les potentiels d'action atteignent les cellules
motrices, ils causent un potentiel d'action au sein même de ces cellules
motrices, avec pour conséquence de cette modification une perte de solutés
dans ces cellules. Il est supposé que cette perte de turgescence se produit
uniquement dans les cellules internes, et ainsi les lobes du piège conduits par
les cellules externes, bougent ensemble.
C'est essentiellement l'"opinion classique" sur le fonctionnement des tissus
moteurs de la plante, et il est évident que ce type de mécanisme est à l'origine
du mouvement diurne des feuilles, ainsi que celui des stomates (cf. Hill &
Findlay, 1981).
Quoi qu'il en soit, il y a également la théorie, proposée par Williams et
Bennet (1982), selon laquelle la fermeture du piège s'avère une réponse sous
forme de croissance rapide. Dans cette explication, il est avancé que les
cellules motrices de la face externe augmentent de taille très rapidement dans
un processus de croissance, et ainsi provoquent le mouvement des deux lobes
du piège. J'ai de grandes difficultés avec cette explication car la réelle vitesse
de croissance nécessaire pour fermer le piège est de 200 millisecondes. Il est
plus acceptable d'envisager une perte de volume des cellules de la face interne
par une perte d'eau et de solutés, à cet instant.
Dans la première explication, le changement de taille de la cellule motrice
est causé par le mouvement des solutés et de l'eau et non par un changement
dans la masse et les propriétés de la paroi cellulaire. Plutôt comme le
gonflement d'un ballon. Dans la seconde explication, où la croissance est
impliquée, la cellule pomperait les ions hydrogène de l'intérieur vers l'extérieur
et l'abaissement du pH provoquerait dans la paroi la cassure des liens
chimiques lors de son étirement. La cellulose augmenterait alors dans la cellule
pour combler les fissures. C'est essentiellement un processus plastique. Quand
la pression turgescente baisserait, il n'y aurait qu'un léger changement de
volume en raison de l'addition de nouveaux éléments.
Références :
DIONÉE 45 - 2001 |