
Drosophyllum lusitanicum en Espagne
(Photos : Alain Chauchoy)
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Comment j'ai rencontré Drosophyllum lusitanicum ?
(Alain CHAUCHOY)
Profiter de vacances avec son épouse dans une région idyllique pour
conjuguer la botanique et la farniente ! Le moment très attendu est
enfin arrivé.
C'est un dimanche 13 juillet, vers midi que nous sommes partis pour
l'Andalousie. Traverser l'Espagne du nord au sud ne fut pas de tout
repos. Il faisait chaud et la monotonie des régions traversées ne
nous enchantait guère, séries de plaines désertiques et de sierras.
La première étape fut un gros bourg nommé Ocaña situé au sud de Madrid.
Après un bon repas typique, une bonne nuit de sommeil fut nécessaire
pour reprendre la route vers l'Andalousie.
Le sud est vraiment très différent, après avoir traversé d'immenses
oliveraies, des sierras aussi pittoresques les unes que les autres,
des villages andalous pittoresques, nous sommes arrivés à Ubrique par
Ronda le lundi 14 vers 18 heures 30.
J'ouvrirai, ici, une parenthèse. Afin de parvenir directement au site,
j'avais pris des renseignements auprès de Fabien Zunino, que
d'ailleurs je remercie. Mais voilà, ceux ci s'avéraient inexactes.
Bien entendu, je ne lui en veux en aucune manière; Je m'explique.
Il était donc 18 heures 30, la fin de la journée, le ciel était
bleu, il faisait encore chaud. Nous avons la localisation: la
sierra Cerro del Jabato située entre Ubrique et Puerto de galis
sur la route n° 3331, au P.K. 38 à droite dans la carrière. Fabien
avait visité le site en 1994. Mais pas plus de route n°3331 et
encore moins de P.K. 38! Quand même arrivé à Puerto, un carrefour
désert où, seul un bar prônait. C'est là un arrêt obligatoire pour
se rafraîchir, mais surtout pour dénouer notre affaire. Nous avons
été bien accueillis, et malgré notre espagnol hésitant, c'est avec
plaisir que nous avons pu cerner le problème. En fait, maintenant,
la route a le numéro A 375 et les numéros des bornes ne correspondent
plus. Retour en arrière et arrêt sur une borne pour s'avoir ou nous
en sommes! Nous apercevons sous de la peinture blanche le chiffre 39.
Le soir arrivait vite, et bien sur que la prochaine borne devait être
la 38. Hourra! C'est là, la fameuse carrière qui n'était pas visible
lors de la montée de la route. Arrêt du véhicule et précipitation
vers le lieu.
L'endroit parait très sec et nu de végétation ; les roches sont
blanches à ocres, elle paraissent gréseuses et calcaires. Mais pas
de Drosophyllum. C'est déçu que nous repartons vers la voiture. A ce
moment, ma femme me crie, vient voir Alain, je crois que j'ai
découvert ce que tu cherchais.
En effet, nous apercevons quelques plantes misérables, voir desséchées.
La nuit tombe, il est 21 heures. Nous décidons de redescendre vers
Ubrique et de revenir tôt demain matin.
Nous sommes le 16, le jour pointe, mais déjà nous étions près à partir
pour la sierra. Nous traversons à nouveau cette région montagneuse.
c'est une forêt mélangée de pins et de chênes-liège. L'exploitation du
liège battait son plein. Les ouvriers étaient déjà à l'oeuvre pour
décoller cette écorce du tronc et des grosses branches.Cela s'appelle
le démasclage. Cette matière première servira à confectionner les
différents bouchons qui mettrons à l'abris nos vins français tant
convoités.
En sous étage ou sous la futaie,poussent l'arbousier, le genêt, les
bruyères et différentes herbacées.
Nous voici en vue de la carrière, je stationne le véhicule et nous nous
avançons vers le lieu.
Il fait très beau, le ciel est bleu le soleil se montre à l'horizon. De
suite, je place un thermomètre dans le sol; à 5 cm.de profondeur; il est
7 heures 30. Nous explorons, maintenant, le site. La carrière, de
dimensions modeste, parait inexploitée depuis plusieurs années, ( 30 m;
x 20 m. ). Elle tranche par sa teinte blanche dans un paysage
méditerranéen, mais quand même verdoyant. Le climat est de tendance
océanique,du à la proximité de l'océan Atlantique. La carrière est exposée
au sud-ouest. La température du thermomètre indique maintenant 20 degrés
centigrades.
Nous effectuons un recensement systématique de la plante. Nous dénombrons
35 pieds vivants, mais chétifs et 10 autres desséchés. La hauteur moyenne
est de 10 cm; aucune hampe florale n'est constatée. Est ce que le site
est toujours viable ? Le sol crayeux et nu est - il trop chaud ?
Un peu déçu, nous remontons à pied la route défoncée. Cinquante mètres
plus loin, sur le bas côté, où des éboulis rocheux mélangés à de la
bruyère, des Drosophyllum de petites et belles tailles prolifèrent. Nous
escaladons ces lieux escarpés. Le sol est constitué de roches plates et
fissurées.
Une végétation rabougrie et mangée apparaît. Des Drosophyllum splendides
profitent des rayons du soleil pour faire scintiller leurs milliers de
gouttelettes de "rosée". Plus loin, un troupeau de chèvres nous regarde
et ne semble pas être dérangé par notre présence.
Bien entendu, nous entreprenons un comptage qui s'avère plus complexe vu
l'importance des plantes. Il est difficile d'éviter de piétiner une de
ces plantes, nous prenons le maximum de précautions. Nous en sommes à
250 pieds. Il y en a encore. La surface concernée est d'environ 100 m2.
La hauteur moyenne est de 25 cm. Toutes les plantes sont biens venantes;
particulièrement, celles poussant à l'abris de ces petites bruyères.
Aucune plante ne semble sèche.
A cette époque, la floraison est terminée. Nous avons vu que rarement
des hampes florales entières! Elles sont généralement coupées nettement.
Après avoir dégustés de nos yeux ces sites, ces plantes formidables,
c'est l'appareil photographique qui prend le relais pour immortaliser
ces plaisirs.
Pris par le temps, et par la poursuite de notre voyage, nous n'avons
pu prospecter plus longuement. Les alentours.
Certainement que d'autres sites existent.
Plusieurs questions restent posées:
- L'ombrage de la basse végétation peut - elle favoriser la vie de la
plante, lui apporter et conserver le peu d'humidité?
- Les hampes florales coupées si nettement, sont - elles le repas favori
des chèvres, pourquoi pas les feuilles?
- La plante semble rare, mais pourquoi en si grand nombre sur peu d'espace?
Je remercie Fabien Zunino pour les renseignements fournis qui m'ont été
quand même d'une grande utilité.
Je suis à la recherche de toute données concernant cette plante, sites,
contacts, et autres.
A suivre...
DIONÉE 41 - 1999
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