AVENTURES AU CAP : (Robert Gibson)(Traduction libre réalisée par Pascale Courbe)
Drosera curviscapa
Drosera curviscapa var. esterhuysenae
Drosera glabripes
Drosera hilaris
Drosera pauciflora
Drosera ramentacea
Bien que ressemblant fortement à une forme velue de Drosera
capensis, le rare Drosera ramentacea pousse en des lieux bien
protégés, saisonnièrement humides, sur les versants Sud des collines
côtières autour de Cape Town. Elle pousse avec Drosera hilaris et
Drosera glabripes. Les feuilles étroites ont des poils blancs bien
visibles le long du pétiole et sur la face inférieure de la feuille et sont
portés par une tige non ramifiée de 20 cm de haut. Toutes les parties
aériennes sont périodiquement détruites par le feu, et les plantes
repoussent ainsi depuis la racine. Les hampes florales sont produites
au printemps et après observation de spécimens d'herbier, sont
fréquemment bifides.
Drosera regia
Le géant Drosera regia est l'espèce la plus restreinte dans le
Sud de l'Afrique, de ce fait elle est seulement connue dans une seule
vallée à Baviaanskloof, dans les montagnes au Nord/Est de Cape
Town. J'ai visité le site le moins élevé où les plantes poussent sur les
lits rocheux de ruisseaux peu profonds en compagnie de
Leucodendrons, carex... Au départ, les plantes ont été difficiles à
trouver car les longues feuilles de la saison précédente avaient
disparu et les nouvelles pousses étaient juste en train de sortir. Les
rhizomes poussent souvent à côté de rochers en sable tourbeux
humide, ou dans quelques cas sous une fine couche de gravillons avec
les racines en sable humide. Les plantes les plus avancées ont été
vues avec trois feuilles très bien formées de 15 cm de long, mais
produisent au milieu de l'été des feuilles de 70 cm de long avant de
fleurir. Dans le même ruisseau pousse aussi Drosera sp. "Floating" et
Utricularia bisquamata.
Drosera slackii
Le rare et pigmenté de rouge vif Drosera slackii est
endémique à des marais permanents au sommet de collines autour de
Hermanus. Ce site élevé, près des côtes, est souvent enveloppé ou au
moins couvert de nuages.
Cette espèce forme des rosettes prostrées de 6 cm de
diamètre, avec un bourgeon central velu en raison des stipules très
divisés et de l'épaisse pilosité de poils blancs qui couvre la face
inférieure des feuilles. A l'exception de leur base, les feuilles nettement
cintrées sont recouvertes de poils glandulaires. Cette espèce pousse
avec Drosera aliciae, Drosera capensis, Utricularia bisquamata et
Roridula gorgonias.
Drosera sp. "Floating"
La variété distincte dont le nom de terrain est Drosera sp.
"Floating" est connue sur un site à Baviaanskloof. Ici elle pousse dans
des ruisseaux peu profonds, avec Utricularia bisquamata et très près
d'un site à Drosera regia en sol humide à mouillé de sable tourbeux
avec une quantité variable de graviers Les rosettes prostrées rouges
poussent jusqu'à 3 cm. de large et présentent une croissance originale
quand le sol est couvert par quelques centimètres d'eau. Ici la base
des feuilles se cintre et la tige s'allonge entre chaque feuille jusqu'à ce
que la rosette flotte à la surface de l'eau, supportée par une tige flexible
de 4 cm. de long, cette dernière est fermement ancrée dans le
substrat. Ceci est l'origine du nom de terrain.
Si l'on se base sur la forme de la feuille, cette espèce
ressemble plus à Drosera cuneifolia qu'à Drosera aliciae, mais plus
d'observations seraient nécessaires pour déterminer ses statuts
taxonomiques. Peut-être est-elle aussi, comme sa voisine Drosera
regia, une espèce relictuelle.
Drosera trinervia
La plus répandue des espèces à pousse hivernale,
disparaissant en été est Drosera trinervia à rosette prostrée. Elle
pousse typiquement en sol sablonneux, saisonnièrement humide à
mouillé, bien qu'elle ait été vue en sol mince sur des falaises de quartz
détrempées à Bainskloof et Gifberg où elle pourrait être persistante en
été. C'est une variété variable qui a deux petites ailes à feuilles
caduques, ou "setae" à la base de feuilles triangulaires étroites. Ces
"setae" ont eu beaucoup de poids taxonomique.
Drosera zeyheri
Drosera zeyheri a été trouvé sur sol argileux, saisonnièrement
humide autour de Caledon. Morphologiquement, cette variété est
intermédiaire entre Drosera cistiflora et Drosera pauciflora et a été
considérée comme synonyme de ces deux espèces dans le passé.
Elle forme une rosette prostrée de feuilles étroites, pointues, de 4 cm
de diamètre, d'où surgit en Août et Septembre une petite inflorescence
qui supporte 1 à 3 fleurs aux pétales roses ou rouges avec un centre
noir. Des recherches plus approfondies sont nécessaires pour
déterminer ses statuts taxonomiques. Il est intéressant de noter que
dans le site visité, elles poussent dans des conditions plus exposées
qu'une population voisine de Drosera cistiflora.
Utricularia bisquamata
Des "pelouses" prolifiques de Utricularia bisquamata ont été
vues en conditions perpétuellement mouillées ou submergées dans
des sites comme Gifberg, Contantiaberg et Hermanus. Elles poussent
dans des lits de ruisseaux et sur des parois où l'eau suinte en
permanence. Les feuilles vert brillant de 5 à 13 cm. de long par 1 mm.
de large couvrent souvent abondamment le substrat. En dépit de
l'époque de l'année, quelques plantes fleurissaient dans plusieurs
endroits. Les fines hampes florales de 12 cm. de haut portent jusqu'à 3
fleurs ; celles-ci, ouvertes, avaient 2 à 5 mm. de large, un lobe inférieur
violet avec un attirant labelle convexe jaune et un lobe supérieur. Cette
espèce pousse souvent en compagnie de Drosera aliciae, Drosera
capensis, Drosera slackii, Drosera trinervia et Roridula gorgonias.
Bien que les espèces suivantes de Roridula ne soient pas
carnivores, les sécrétions résineuses des glandes pédonculées sur la
face inférieure des feuilles peuvent attraper des insectes. La
description est incluse pour l'intérêt.
Roridula dentata
Les arbustes dispersés de Roridula dentata, de 0,5 à 1,20 m.
de haut poussent dans le centre de petites terrasses sablonneuses
entre des affleurements de quartz et un petit ruisseau à Cedarberg.
Environ 60 plantes ont été vues émergeant de 40 cm de haut au-dessus
d'une épaisse couche de feuilles de "restio". Beaucoup de ces plantes
étaient en fleurs, et elles étaient ouvertes malgré les conditions de froid
et d'humidité qui sévissaient durant notre visite. Les rosettes
compactes de feuilles en dents de scie, de 8 cm. de large montraient
une abondante d'insectes commensaux (profitant des captures) et
apparaissaient en haut de tiges élancées et dépouillées. Du fait de
l'absence d'incendies dans cette région depuis de nombreuses
années, les plants de Roridula sont peu nombreux mais de grande
taille. Alors qu'aucune plante carnivore ne poussait avec elles, Drosera
alba, Drosera cistiflora, Drosera cistiflora var. "Eitz" et Drosera trinervia
poussaient dans le ruisseau voisin.
Roridula gorgonias
Dans les marécages tourbeux à la source de petits ruisseaux
dans les montagnes au-dessus d'Hermanus pousse Roridula
gorgonias. Cette région a brûlé fin 1996 et il apparaît que cela a détruit
les plantes existantes mais a produit un sol propre sur lequel des
milliers de semences poussent maintenant en compagnie, entre
autres, de Drosera aliciae ou Drosera slackii et Utricularia bisquamata.
Ces plantules font 10 à 20 cm. de haut, avec une rosette terminale
rougeâtre compacte de 8 cm de diamètre, desquelles les feuilles
mortes tombent rapidement et révèlent un tronc fin et gris. Quelques
plantes avaient commencé à fleurir. Avec le temps, cette espèce est
capable de former des arbustes de grande taille d'approximativement
1,80 m. de haut.
Suggestions de culture
D'après l'observation des plantes à l'état sauvage et les
spécimens cultivés par Eric Green, les espèces décrites peuvent être
divisées en trois groupes, chacun nécessitant différentes conditions de
culture. Ces suggestions sont destinées aux cultures en climat tempéré
Croissance hivernale / dormance estivale : groupe de D. cistiflora.
Ce groupe comprend plusieurs formes à pétales colorés,
appréciées en culture, de Drosera cistiflora et Drosera pauciflora et
elles poussent probablement mieux quand elles sont plantées dans un
mélange de 9 parts de sable de quartz à grains moyens pour 1 part
de tourbe en exposition ensoleillée. La reprise de croissance des
parties aériennes dépend plus de l'humidité du sol que de la
température, donc pour assurer une longue saison de pousse, il est
recommandé de reprendre l'arrosage au milieu de l'Automne, les pots
peuvent être entreposés sur des plateaux peu profonds remplis d'eau.
Une fois que ces plantes ont commencé à se flétrir, il est seulement
nécessaire de conserver la terre à peine humide pour éviter que les
racines pourrissent en été. Ceci peut être réalisé en plaçant les pots
sous une étagère et périodiquement les vaporiser durant l'été. Les
formes de Drosera trinervia provenant de sites humides en
permanence pourraient être capables de pousser toute l'année en
culture, mais ceci nécessite d'être testé. La multiplication de ces
plantes est meilleure en Automne par semis, peut-être en utilisant de
l'eau ayant dissout de la fumée, et également par bouturage de feuilles.
Les boutures de racines peuvent aussi être pratiquées, mais il est
préférable de modérer les prélèvements de racines sur des plantes
saines.
Roridula dentata pousse avec succès dans ces conditions,
mais le mélange doit être conservé humide toute l'année.
Plantes formant une tige, disparaissant en été.
Drosera hilaris, Drosera glabripes et Drosera ramentacea
poussent en saison humide, en sol sablonneux plutôt humide que
vraiment mouillé, en habitats abrités, sur les flancs de collines côtières
exposés au Sud ou à l'Est. En culture, elles poussent avec succès dans
un mélange approximatif de 3 parts de sable pour 1 part de tourbe et
mises en pots relativement grands, posés en eau peu profonde, en
exposition ombrée dans une serre. Si les plantes commencent leur
dormance estivale, le mélange doit être conservé à peine humide
jusqu'à ce que la pousse recommence. Elles se multiplient mieux par
semis ou bouture de feuilles. Drosera glabripes est sans doute
l'espèce la plus facile à cultiver de ce groupe.
DROSERA à rosettes persistantes
Ces espèces de sol mouillé en permanence, souvent tourbeux
(Drosera admirabilis, Drosera aliciae, Drosera capensis, Drosera
cuneifolia, Drosera regia, Drosera slackii et Drosera sp. "Floating")
poussent probablement mieux dans de la tourbe pure, peut-être avec
un peu de sable de quartz, et gardée humide toute l'année. Utricularia
bisquamata et Roridula gorgonias répondent bien dans les mêmes
conditions. Le niveau de l'eau peut être élevé jusqu'à 1 à 3 cm.
au-dessus de la surface du pot où Drosera sp. "Floating" est plantée
pour obtenir la forme de croissance localement développée à l'état
sauvage. Drosera curviscapa et Drosera curviscapa var.
esterhuysenae poussent mieux dans un mélange d'1 part de tourbe
pour 1 à 2 parts de sable de quartz qui doit être conservée humide
plutôt que mouillée et elles peuvent connaître une pousse retardée
durant l'été. Toutes ces espèces poussent mieux quand elles sont
exposées en plein soleil et seront mieux multipliées par semis,
boutures de racines et dans beaucoup de cas par boutures de feuilles.
CONCLUSION
Ce fut une expérience fantastique de passer quelques
semaines à herboriser dans et autour de Cape Town. Ce fut émouvant
de voir beaucoup d'espèces communes en culture dans leur milieu
naturel et un grand plaisir de voir des espèces et des variétés qui,
jusqu'à ma visite n'étaient connues que par de rares photographies ou
grâce à de brèves descriptions en littérature. Beaucoup de
comparaisons pourraient être faites entre les formes des plantes et les
habitats de celles-ci, je suis plus familier de cela en Australie. J'ai été
intéressé par ce que j'ai découvert dans la flore des plantes carnivores
et je pense que il y a une possibilité pour la publication des
observations de ces espèces à l'état sauvage, en d'autres temps de
l'année, pour résoudre un grand nombre de questions sur la taxonomie
et l'écologie d'une sélection de plantes carnivores du Sud de l'Afrique.
REMERCIEMENTS
Je voudrais remercier Eric Green pour son hospitalité, pour
m'avoir emmené sur les sites de plantes et pour les conversations
stimulantes que nous avons eues. Remerciements particuliers
également à Dr. Neville Marchant et John Rourke, directeurs
respectivement des herbiers de Western Australian et Compton, pour
leur aide dans cette recherche et pour leur permission à accéder aux
spécimens d'herbiers. Je souhaite aussi remercier Frank Wolpert et
Wolfgang Bopp pour leurs utiles conversations qui m'ont aidées dans
la synthèse des nombreuses observations et idées faites sur mes
aventures autour de Cap Town.
DIONÉE 40 - 1998 |