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Pinguicula moctezumae : D'après IPSG N 8 (Miroslav Studnicka)
(Trad. E. PARTRAT)
Pinguicula gypsicola a été découverte en 1910 et a été décrite comme
une « bombe botanique » (Brandegee 1911, Purpus 1912). P. gypsicola a été
en effet considérée comme un unique phénomène dans le genre et personne ne
pouvait imaginer qu'il pouvait exister une autre espèce similaire. C'est
ainsi qu'en 1994, quelques dizaines d'années plus tard, que R.Z. ORTEGA a
découvert P. moctezumae (Zamudio et Ortega 1994).
Cette espèce, qui ressemble fortement à Pinguicula gypsicola, a été
découverte lors d'une étude sur l'impact écologique de la construction du
barrage électrique Zimapan. La localisation de Pinguicula gypsicola (San
Luis Potosi, Minas de San Rafael, près de Villa Juarez) est situé
approximativement à 170km au nord à vol d'oiseau du site de Pinguicula
moctezumae situé lui, sur le Canyon du Rio Moctezuma (Etat de Queretaro et
Hydalgo; Voir description de Zamudio et Ortega 1994).
Les deux espèces sont dites stéréoendémiques (espèce restreinte sur une
très petite zone) au centre du Mexique.
Habitat :
On la rencontre poussant sur un flanc d'un canyon sur du calcaire humide
à une altitude de 900 à 1000m isolé sur le plateau central aride du Mexique.
Selon les auteurs, la nouvelle espèce serait limitée à ces sites humides, à
proximité de ruissellements se produisant le long de la falaise calcaire.
L'habitat est assez différent de celui de Pinguicula gypsicola;
particulièrement concernant l'humidité du sol. Malgré le fait que les deux
espèces poussent à des altitudes comparables (Pinguicula gypsicola pousse
seulement 250 m plus haut) et que toutes les deux sont pétrophiles (sur des
rochers), seul Pinguicula gypsicola est xérophyte.
La forme filiforme érigée des feuilles formées pendant la saison
estivale par les deux espèces est très proche et à ce moment, Pinguicula
gypsicola ne ressemble pas à une plante xéromorphique.
Il semble que cette particularité soit une adaptation chez les deux
espèces pour absorber l'humidité atmosphérique et particulièrement la
rosée nocturne.
La végétation poussant en compagnie de Pinguicula gypsicola mentionnée
par les auteurs (Purpus 1912, Ruiz et Rzedowski 1986) est essentiellement
xérophytique : Agave striata, Dasylirion longissimum, Dodonae viscosa,
Hechtia glomerata, Selaginella cuspidata et Cactaceae.
Observation et maintien en culture :
Grâce au Docteur Sergio Zamudio qui a aimablement fournit des graines de
Pinguicula moctezumae au Jardin Botanique de Liberec pour études
scientifiques, nous pouvons en dire un peu plus sur cette nouvelle
grassette.
Les observations préalables sur site suggèrent que les conditions de
culture pour Pinguicula gypsicola et Pinguicula moctezumae diffèrent.
J'avais auparavant décrit une méthode pour cultiver des grassettes en
pot, en assurant un mouvement d'eau au travers du sol (Studnicka 1994).
Ceci s'est avéré très approprié pour la culture de Pinguicula moctezumae
ainsi que le substrat que je recommande pour ces grassettes.
Le sol doit être gardé très humide de Mars jusqu'à la fin Novembre. Ce
qui permet une croissance calquée avec les conditions au Mexique.
Pinguicula moctezumae est une espèce dimorphique qui produit des feuilles
filiformes élancées et érigées, densément glanduleuses, tant que l'humidité
dans le sol est suffisante. Pour résister au manque d'eau, elle produit une
rosette de feuilles succulentes élyptiques (en hiver).
Le cycle végétatif pour Pinguicula moctezumae n'est pas aussi strict que
pour Pinguicula gypsicola, le stage estival de la forme persiste aussi
longtemps qu'il y a suffisamment d'eau. Pinguicula gypsicola commence à
former sa rosette d'hiver au cours du mois d'Octobre dans les conditions
d'une serre. Pinguicula moctezumae forme aussi une rosette d'hiver grasse
encore que la forme est différente.
Les fleurs sont produites au cours du cycle estival pendant les mois les
plus humides pour les deux espèces, elles sont d'un rose violet. La corolle
est bilabiale, l'éperon est court, tubulaire et large. Je n'ai jamais vu de
fleurs sur la rosette hivernale de Pinguicula gypsicola malgré ce que
mentionne Casper.
Et voilà, encore une nouvelle grassette qui fait son apparition. Elle
est encore très peu répandue en culture mais elle devrait suivre le chemin
des autres.
Au fait, qui tient les comptes de grassettes à jour depuis la monographie
de CASPER ?
DIONÉE 39 - 1998 |