Le Brésil, paradis pour carnivorophile ! (1ère partie)
Fernando RIVADAVIA
(Traduction et mise en forme de différents écrits de l'auteur par E. Partrat)
J'avais décidé de profiter de cette année 95 pour réaliser un
véritable périple champêtre. Il faut que j'en profite car c'est ma
dernière année à l'université, et peut-être aussi la dernière année où je
pourrais arriver à voyager autant (au moins pour un bon nombre
d'années, malheureusement). J'ai mis aussi à profit mes excursions
pour rassembler tout le matériel nécessaire pour publier ma nouvelle
espèce et les sous-espèces découvertes pendant mes expéditions.
Cette année, je serai pratiquement sorti chaque week-end de Sao
Paulo, souvent en compagnie de deux amis, eux-mêmes amateurs de
plantes carnivores et résidant comme moi à Sao Paulo (Fabio et
Linilson). En début d'année, nous avons été très modestes et n'avons
fait que des expéditions journalières sur des sites voisins de Sao
Paulo. Mais ce n'est qu'un début, par la suite, nous irons plus loin (et
plus longtemps). Ainsi, en Février et en Mars nous avons en fait,
revisité de vieux sites déjà connus mais cela nous a permis de les
explorer un peu mieux et d'en chercher de nouveaux.
Environs de Sao Paulo
Nous avons commencé nos sorties par une expédition à
Paranapiacaba, au sud-est de Sao Paulo. Nous y étions
principalement allés pour collecter du sphagnum et d'autres mousses
pour nos cultures de plantes carnivores. Nous y avons finalement
trouvé de jolis parterres de Drosera villosa et un peu plus loin,
d'Utricularia reniformis. Je n'avais jamais vu auparavant cette espèce
dans cette zone. La semaine suivante, j'ai emmené Fabio voir les
Drosera villosa près de la route principale «immigrantes» au sud de
Sao Paulo. Lors de ma précédente visite là-bas, j'avais trouvé un peu
de D. communis et nombre de D. villosa. Cette fois, la seule
découverte nouvelle a été Utricularia hispida. La même journée, nous
avons descendu la chaîne côtière pour nous rendre à Guaratuba, un
rivage où des amis m'ont signalé avoir repéré des Drosera.
Effectivement, nous y avons trouvé D. capillaris var. brasiliensis (
typique des habitats côtiers du sud et sud-est Brésilien), poussant sur
un large sentier traversant la forêt humide et sur un sol sableux, à 50
ou 100m du rivage. Pour terminer cette journée, nous sommes allés
faire un tour à 100km plus au sud , le long de la cote, à Mongagua, le
seul site naturel de Drosera capillaris que je connaissais jusqu'à ce
jour.
Linilson s'est joint à nous le week-end suivant et nous sommes
allés explorer la région se situant à l'Est de Sao Paulo. Nous avons
trouvé un nouveau site à Utricularia foliosa composé de nombreux
fossés artificiels en bordure de route, près de la ville de Suzano (c'est
seulement ma seconde rencontre avec cette espèce dans la nature).
Bien que l'eau soit entièrement polluée par des détritus flottants, les
bords peu profonds (principalement) étaient recouverts de robustes U.
foliosa en pleine floraison. Cela pouvait indiquer que peut-être, l'eau
n'était pas si polluée qu'elle en avait l'air au premier abord. La plupart
des inflorescences étaient infestées de pucerons. Ce même jour, nous
avons découverts un magnifique chemin descendant la chaîne
montagneuse côtière et qui passait au travers d'une fantastique (et
intacte !) forêt humide. Malheureusement, nous n'avons pu emprunter
ce chemin qu'un petit moment principalement par manque de temps.
La couverture épiphyte recouvrant les arbres était étonnante et c'est le
premier endroit où j'ai rencontré la très rare Vriesa hieroglyphica, une
broméliacée maintenant pratiquement éteinte dans la nature (à cause
de son extraordinaire beauté).
Les voies ferrées aux alentours de Parelheiros, au sud de Sao
Paulo, étaient notre prochain objectif d'exploration pour le week-end.
C'est mon troisième séjour dans cette zone, où j'avais déjà vu Drosera
villosa et la forme commune (= type?) de Drosera communis. J'ai été
surpris cette fois de trouver U. triloba. C'est en effet, ma première
rencontre avec cette espèce dans l'état de Sao Paulo, sans compter
qu'il poussait mélangé avec la quasi similaire U. subulata, chose que
je n'avais jamais observée auparavant. Pourtant, la meilleure
découverte de ce jour a été D. communis ssp.« géant vert » poussant
avec la commune D. communis. Je n'ai vu ces deux espèces
poussant ensemble jusqu'ici qu'à Sengés (dans l'état de Parana,
limitrophe de l'état de Sao Paulo). J'avais initialement cru que les
Drosera communis à Sergés étaient des hybrides entre D. communis
ssp. «géant vert» et D. sp. « Emas »,qui étaient également présents.
Autour de la ville de Sao Paulo, jusqu'à ce jour, j'avais seulement vu
D. communis ssp. «géant vert» dans un petit site près de
Paranapiacaba. A Parelheiros, nous avons trouvé une grande quantité
des deux formes de Drosera communis et en regardant de façon un
peu plus précise, j'ai même trouvé des hybrides !. C'est seulement le
second Drosera hybride naturel que j'ai trouvé au Brésil. Le premier
est D. montana x D. sp. « Emas », découvert l'an dernier à Grào
Mogol, à Botumirim et à Itacambira enfin. Tous, dans l'état nord de
Minas Gerais. Une curieuse observation que j'ai pu faire à Parelheiros
était que les Drosera communis avaient des fleurs lilas, alors que lors
de ma précédente visite là-bas, elles étaient couleur lilas très léger,
presque blancs. Je ne suis toujours pas certain de ce qui peut faire
varier la couleur des fleurs chez les Drosera indigènes,
particulièrement pour D. communis et D. sp. « Emas » (qui semble
être l'espèce la plus variable). Lumière, humidité, et pH du sol sont
probablement les principaux facteurs contrôlant cette diversité de
coloration.
Pendant le mois d'Avril, je suis parti de Sao Paulo chaque
week-end, à la chasse aux plantes carnivores. Le premier week-end,
nous sommes retournés tous les trois à Paranapiacaba. Ainsi, cela a
permis à Linilson de nous montrer un nouveau site qu'il venait de
découvrir. Nous y avons vu plein de D. villosa et une fois encore, nous
avons trouvés les deux formes de Drosera communis poussant
ensemble au même endroit. Je n'avais malheureusement pas le temps
d'y chercher des hybrides. C'est dommage. Fabio et moi-même avons
aussi montré à Linilson les sites à D.villosa, U. reniformis et D.
communis ssp. «géants verts» que nous connaissions.
Chapada dos Veadeiros
Le week-end suivant, j'étais à Chapada dos Veadeiros (=CV) au
nord-est de l'état de Goias avec un autre ami d'université (Fabio et
Linilson n'avaient pas pu m'accompagner). C'est un voyage d'une
durée voisine de 24h, avec trois bus différents et se terminant au petit
village de Sao Jorge. Quand je m'y suis rendu en 1993, ils étaient en
train d'installer la première ligne de téléphone (qui est maintenant
cassée) et cette fois, c'est l'électricité qui arrivait tout juste au village.
Malgré ce progrès, cela reste un endroit complètement perdu ! Nous
avons passé trois jours à explorer les alentours du village et puis,
nous nous sommes rendus à la ville toute proche : Alto Paraiso. C'est
une ville qui se trouve à 1200m d'altitude. Une route asphaltée
traverse cette ville, provenant de la ville de Brasilia et longeant le nord
du parc National de CV, atteignant une altitude de 1500m. Nous
étions tributaires des véhicules passant par la route pour atteindre
cette partie élevée du parc et en revenir. Ce n'était pas si facile car
seuls quelques véhicules empruntaient cette route (j'en ai compté en
moyenne un ou deux toutes les 10 minutes). Nous étions
habituellement assez chanceux et trouvions un véhicule en une
demi-heure en moyenne. Le dernier jour, j'ai pourtant attendu seul sur
la route près de 2 heures (mon ami étant parti la veille), avec mon
pouce levé, totalement trempé et glacé, avant d'être finalement pris en
stop. Après avoir marché toute la journée, faire les derniers trente
kilomètres à pieds était hors de question, à moins qu'il fasse vraiment
nuit !
Durant les dix jours que j'avais passé à explorer les CV en 1993,
j'avais trouvé 23 espèces de plantes carnivores. Un record !. En 1994,
ce record a été battu lors de mon troisième séjour à Chapada dos
Guimaraes (= CG) dans l'état de Mato Grosso. La dernière fois,
j'avais trouvé D. sessilifolia, D. communis, D. montana var. tomentosa,
D. montana var. hirtella, D. sp. « Emas », G. aurea, G. filiformis, G.
repens, U. purpureo-caerulea, U. laciniata, U. trichophylla, U.
subulata, U.tricolor, U. triloba, U. neottioides, U. nana, U. simulans,
U. hispida, U. pusilla, U. cucullata, U. huntii, U. pubescens et U.
amethystina. Les U.pubescens étaient différentes de toutes celles que
j'avais déjà vu, avec de minuscules fleurs, comme celles de
l'envahissante espèce africaine U. arenaria. Je n'avais jamais vu autant
de variation en forme, taille et couleurs pour les fleurs de
U.amethystina comme j'ai pu le voir à CV. Chapada dos Veadeiros a
été le premier endroit ou j'ai vu la belle espèce U. cucullata et la tout
autant inconnue U. huntii. Tristement, je n'ai pas réussi à retourner à
l'endroit où j'avais vu U. pubescens et je l'ai perdu en culture il y a
longtemps. J'ai eu aussi des difficultés à retrouver mon site à U.
cucullata, où elles poussaient dans une eau peu profonde, parmi des
herbes, dans un marais. J'avais supposé qu'il devait s'agir d'une
espèce annuelle après les avoir trouvés dans des mares provisoires
(qui apparemment s'asséchaient pendant l'hiver) à en juger par les
plantes carnivores annuelles poussant là (comme D. sessilifolia). En
fait, U. cucullata pousse souvent autour de D.sessilifolia, dans un fin
film d'eau qui recouvre le sol. Ce film d'eau doit être assez chaud les
jours ensoleillés, même si l'eau se renouvelle très lentement sur le sol.
U.amethystina était plus variable que je m'en souvenais, avec toutes
les variations possibles. J'avais à passer un long moment ici à étudier
U. amethystina avant de trouver ce qui pour les variations pourrait être
du à des facteurs génétiques et ce qui pourrait être du à des facteurs
purement écologiques. En fait, ce que j'avais cru être U. pusilla s'est
révélé être une petite U. subulata. J'étais aussi particulièrement triste
de découvrir que ce que j'avais cru être la mystérieuse U. huntii
(d'après Taylor, une espèce rencontrée seulement sur 5 sites dans
l'Est de l'état de Mato Grosso) est probablement U tricolor. La
dernière fois j'avais trouvé des feuilles couvertes d'un fin mucilage
(comme pour G. aurea et U. pubescens) formant des petites rosettes
sur une berge de ruisseau ombragée et portant de jeunes pédoncules.
A ce même endroit, j'ai maintenant vu des feuilles rondes dispersées
tout autour avec un mucilage faible. Ce qui me laisse penser que ce
que j'avais observé la dernière fois devait être soit une période étrange
du cycle d'U. tricolor soit, que U. huntii est une espèce annuelle et
avait déjà disparu, laissant seulement derrière elle, U. tricolor (ce dont
je doute).
J'ai rencontré U. purpurea, une espèce aquatique, poussant à une
altitude voisine de 1500m, dans les mêmes zones marécageuses
inondées que fréquente sa proche cousine U. cucullata, qui elle, se
trouvait à une altitude de 1200m. Cela a été ma première rencontre
avec cette espèce, morte ou vivante. En réalité, je ne suis toujours
pas sûr qu'il s'agisse bien de cette espèce, sachant qu'en plus, Taylor
annonce qu'elle est originaire du Canada, des USA, des Bahamas, de
Cuba, de Jamaïque, du Mexique, de Belize et du Costa Rica. C'est un
long saut depuis ces zones jusqu'au Brésil !. J'ai découvert U.
biovularioides, la plus petite Utriculaire du monde, mais seulement sur
quelques sites. C'est cette espèce qui a été seulement collectée deux
fois, une fois en Amazonie en 1913 et une autre fois à CV en 1940,
jusqu'à ce que je la redécouvre accidentellement à CG l'an dernier. Je
l'avais cherché en 93 à CV, mais je n'avais aucune idée de comment
et où la rechercher. La plupart du temps j'ai du marcher dessus
quelques fois sans la voir. Mon expérience de mon séjour à CG m'a
aidé à la localiser cette fois, même si je l'ai accidentellement
remarquée pendant que je nettoyais des Drosera provenant d'habitats
inondés pour mon herbier (ce qui est exactement comment je l'ai
découverte à CG). U.adpressa est une autre utriculaire que je n'avais
jamais rencontré auparavant et qui est assez commune à CV . La
seule explication que je puisse donner pour l'avoir manquée la
dernière fois est qu'il devait être trop tôt dans la saison et que les
fleurs jaunes d'or n'étaient pas encore visibles. Les Utriculaires du
complexe subulata m'embrouillent encore un peu et je ne suis toujours
pas sûr qu'une espèce que j'ai rencontré pendant ce périple est bien
U. pusilla ou U. nigrescens ( peut-être s'agit-il d'U. pusilla). Parmi des
D. montana poussant, dans une mare saisonnière, j'ai trouvé un autre
Utriculaire qui sûrement, ne fleurissait pas là-bas en 93. Les
minuscules fleurs lilas avaient deux bandes blanches formant un « V »
inversé sur le tablier de la lèvre inférieure, avec une tache
jaune-orangée à la base. Au premier abord, je pensais qu'il s'agissait
d'une nouvelle espèce, mais maintenant, je considère qu'il devait
s'agir de U. tenuissima, une espèce que j'avais seulement vu jusqu'ici
à CG, où il est plus grand et coloré différemment. Taylor écrit dans
son livre que cette espèce est extrêmement variable en taille et en
coloration de fleurs. Elle n'a jamais été trouvée à Goias mais je ne
doute pas qu'elle puisse pousser là-bas. Tout ce que je sais, c'est que
celle de CV et celle de CG sont très différentes. J'ai trouvé quelques
fleurs dans un autre site, poussant dans un marais, au bord de petites
piscines, avec les fleurs au-dessus de la surface, mais avec les
pédoncules, la plupart en dessous de l'eau.
Durant mon séjour à CV, j'ai finalement pu apprendre à reconnaître
les différentes espèces de genlisea à fleurs jaunes. Je pensais n'avoir
trouvé que G. aurea, G. repens et G. filiformis la dernière fois, mais je
pense maintenant que G. pygmaea était aussi présent (que j'avais du
confondre avec un Genlisea aurea en fleurs). Il est tellement rare de
voir G. aurea en fleurs que je ne savais pas vraiment à quoi pouvait
ressembler sa fleur en 93. Mais cette fois, j'ai pu surprendre G. aurea
en fleurs pour la première fois de ma vie et les fleurs sont vraiment
gigantesques! J'ai aussi appris à identifier ces espèces par la rosette
seule ( toutes étaient en fleurs là-bas). Les habitats aident aussi à les
différencier. En effet, G. aurea et G. repens sont des espèces vivaces
alors que G. pygmaea et G. filiformis sont des espèces annuelles.
Drosera sessilifolia est assez difficile à caractériser avant que je ne
remarque qu'elle pousse seulement en dessous de 1200m d'altitude.
J'espérais les voir en fleurs, mais malheureusement, cela n'avait pas
encore commencé. La plus abondante Drosera était D. hirtella,
occupant un grand nombre d'habitats, et même des zones humides
permanentes ( ce qui est étrange pour une espèce annuelle). Comme
conséquence de cette flexibilité écologique, elle est extrêmement
variable en forme de feuille, arrangement et taille. Je peux presque
arriver à comprendre pourquoi elle est encore considérée comme une
variété de D. montana, d'autant plus que les analyses sur spécimens
d'herbier se compliquent dès que l'on rentre dans ces variations et on
a pas toujours la connaissance écologique sur laquelle s'appuyer.
Seulement quelques unes ont été trouvées en fleurs, portants des
pédoncules rougeâtres recouverts de poils rougeâtres qui d'abord,
poussent horizontalement puis verticalement. D. communis est assez
commune dans quelques zones, toujours avec des fleurs blanches.
J'ai trouvé une gigantesque D. communis amphibie, avec des
pédoncules de plus de 21 cm de long!.
Après avoir découvert D. montana x D. sp. « Emas », à Minas
Gerais l'an dernier, je m'attendais à la trouver à CV cette année.
J'avais juste en fait à les trouver poussant l'une près de l'autre. D.
montana var tomentosa et D. sp. « Emas » ont seulement été
rencontrées dans deux sites, chacune en 93 et se rencontrent
maintenant en de gigantesques colonies, presque toujours poussant
l'une près de l'autre ou ensemble (bien mélangées!), ce qui m'a
permis de confirmer mes suspicions sur la possibilité d'un croisement.
Ajouté à la masse des deux espèces, il y avait des tonnes d'hybrides,
aussi bien autant et même plus qu'un seul des deux parents!. A tel
point que fréquemment, lors de mes recherches, je voyais en premier
l'hybride et seulement après je discernais les parents. Les hybrides
poussaient souvent en compagnie d'un seul des deux parents, lorsque
ceux-ci poussaient séparément. D. communis était fréquemment
rencontrée avec D. sp. « Emas » et son hybride avec D. montana. A
M. Gerais, je savais que D. sp. «Emas » se croisait avec D. montana
var. « lutescens» mais je n'étais pas sur qu'elle ne se croisait pas aussi
avec var. tomentosa. Les quelques pédoncules de D. montana que
j'avais trouvés à CV m'apprirent qu'il s'agissait de D. var. tomentosa,
alors il semble être possible d'avoir un croisement. Mais une des D.
montana rapportées cette fois, a commencée à fleurir et les poils de la
hampe florale semble indiquer que D. montana var. «lutescens»
pousse aussi à CV. Cela complique encore les choses. et l'existence
du croisement n'est pas encore évident.
Alors que je passais près d'une colline rocheuse sèche, divisant
deux vallées humides, mon ami m'a montré du doigt des Drosera
poussant dans un sol caillouteux et sableux. Au premier regard, j'ai
seulement cru reconnaître un autre écotype de D. montana var.
hirtella, mais je me suis agenouillé par conscience personnelle et j'ai
cueilli un jeune pédoncule sur la première plante que j'avais aperçu,
juste au cas où. A ma stupéfaction, la hampe mature était seulement
haute de quelques cm, portant de minuscules poils blancs et qui de
plus, était droite et non courbe!. Au début, je pensais qu'il s'agissait
d'une nouvelle espèce, mais maintenant, je crois qu'il devait s'agir de
D. pumila ou plus probablement de D. sp. « Mirante » ( ces deux
espèces provenant de CG). J'ai passé un long moment à
photographier et à collecter cette Drosera et nous avons continué
notre chemin. Mais avant que je puisse me remettre du choc de ma
découverte, nous avons marché sur des Drosera qui m'ont laissé aussi
complètement perplexe ! elles ressemblaient à un des écotypes de D.
montana var. hirtella. Les pédoncules étaient de la bonne longueur,
mais étaient trop verdâtre et non courbés à la base pour s'agir de D.
montana var. hirtella. Ils étaient presque droits et couverts de longs
poils blancs ! J'ai envisagé la possibilité qu'il pouvait s'agir d'une
nouvelle ssp. de D. montana var. hirtella pendant un moment, mais j'ai
finalement décidé qu'il ne pouvait seulement s'agir que d'hybrides
entre D. sp. « Mirante » (?) poussant seulement à quelques pas
derrière et D. montana var. hirtella, poussant quelque part tout près !!
Un peu plus tard, j'ai en effet trouvé D. montana var. hirtella poussant
avec D. montana et je suis à peu près certain à 100% sur d'avoir
trouvé mon troisième hybride Brésilien naturel !. J'ai rencontré
davantage de D. sp. « Mirante » mais malheureusement, je n'avais pas
plus le temps pour rechercher dans les zones hautes de CV ces deux
Drosera ( qui se rencontraient à une altitude voisine de 1450m,
sachant que les plus hautes cimes à proximité ont une altitude de
1800m).
Ainsi, les CV ont encore pulvérisé tous les records. C'était le
premier endroit où j'ai pu voir cinq espèces de Drosera. Maintenant,
ce n'est pas seulement le premier lieu où j'ai vu 6 espèces, mais aussi
celui où j'ai vu deux hybrides! A CG en 1994, j'avais trouvé une
cinquième espèce de Droséra et ainsi j'avais battu le record de CV
pour le nombre total de plantes carnivores. Maintenant, les CV
reviennent en force avec 29 espèces sans compter les deux variétés
de D. montana et les deux hybrides, peut être trois si l'on considère
que D. sp. « Emas » se croise probablement avec les deux variétés de
D. montana ! Le plus excitant est que je pense qu'il y a encore
quantité de zones à explorer à CV, mais pas autant qu'à CG. J'ai vu un
herbier avec D. communis ressemblant à l'espèce des CV, avec des
poils blancs sur les pédoncules et que je crois être un croisement
entre D. hirtella et D. communis, mais je n'ai malheureusement pas pu
le trouver.
DIONÉE 35 - 1996
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