Aménager son terrarium

(Serge Lavayssière)


Si l'article paru dans le numéro précédent vous a été utile, vous êtes maintenant très fier de votre nouveau terrarium, entièrement monté de votre main. Il reste maintenant à l'aménager pour accueillir au mieux nos plantes préférées. Plusieurs solutions s'offrent à vous selon que vous ayez ou non la possibilité d'utiliser la lumière naturelle (de qualité idéale, mais avec deux inconvénients majeurs : difficile à contrôler et source d'échauffement parfois excessif) et que votre terrarium soit ou non exposé au gel.


La lumière

Si vous disposez d'un emplacement suffisamment éclairé (balcon, jardin, fenêtre recevant un peu de soleil direct), le problème ne se pose pas, il suffira de protéger d'un échauffement excessif en milieu de journée en disposant un voilage ou un moustiquaire plastique blanc.

Pour l'éclairage artificiel, il faut éliminer d'office toutes lampes à incandescence (classiques ou halogènes) : leur lumière est beaucoup trop pauvre en rayon bleus, violets et ultra-violets, nécessaires à la photosynthèse. D'autre part, une bonne part de l'énergie électrique utilisée par ces lampes est convertie en chaleur. Il sera impératif d'utiliser des tubes fluorescents. Eux aussi sont de plusieurs types, et produisent des lumières très différentes. Evitez absolument les tubes de type "Blanc chaud" étudiés pour reproduire une lumière analogue à celle des lampes à incandescence (reposante pour l'oeil). Les tubes de type "Blanc Industrie", "Blanc Brillant de Luxe" ou "Lumière du Jour" sont de bon rapport qualité prix, à condition de les combiner avec des tubes dits "horticoles" (voir plus bas). Ces tubes ne sont malheureusement pas disponibles en différentes tailles, 1,20m est le standard, on arrive parfois (de moins en moins) à les trouver en 90 ou 60cm.

Les tubes "horticoles" sont généralement vendus pour l'éclairage des aquariums, dans un grand choix de longueur. Leur prix, variable selon le type ou la marque, est malheureusement beaucoup plus élevé que celui des tubes d'éclairage courant (on aura donc intérêt à les combiner). J'en ai essayé beaucoup et ne trouve pas de grosse différence (au niveau de la croissance des plantes) entre "Aqua-Glo", "Power-Glo", "Life-Glo". Je déconseille le type "Marine-Glo" (à lumière bleue) et, bien qu'il soit souvent conseillé, le type "Gro-Lux" dont la lumière violette est vraiment très faible.


Pour un terrarium de plantes carnivores, il vous faudra 3 ou 4 tubes disposés tout près du sommet (n'oubliez pas que la quantité de lumière diminue avec le carré de la distance ce qui signifie qu'une plante placée à 20cm des tubes recevra 4 fois plus de lumière que celle située à 40cm, et 9 fois plus que celle à 60cm). Les tubes seront d'une longueur à peu près égale à celle du terrarium.

Vos tubes ne sont pas là pour éclairer l'ensemble de la pièce, aussi, il sera nécessaire de construire un boîtier réflecteur d'une dizaine de centimètres de profondeur. Rien de bien compliqué puisqu'il n'y a ici aucun impératif d'étanchéité, quelques planches sont suffisantes. Les tubes seront fixés sur le fond, et l'intérieur sera peint en blanc. Pour fixer les tubes, le plus simple est d'utiliser les réglettes du commerce. Leur inconvénient, outre le prix et la disponibilité réduite en longueurs variées, est que le ballast (sorte de transformateur électrique indispensable) y est intégré, et qu'il est une source de chaleur assez importante. Je préfère pour ma part fixer les tubes à l'aide de colliers (pour les tuyaux en plomberie) et disposer les ballasts à bonne distance du terrarium.

Pour connecter les quatre bornes des tubes, le plus simple est d'utiliser des dominos. Le schéma des branchements ci-contre vous indiquera comment brancher les tubes, le ballast et le starter. Les trois ou quatre tubes peuvent bien entendu être branchés sur la même prise. vous aurez grand intérêt à investir dans un programmateur (± 100F) qui allumera et éteindra votre installation tous les matins et tous les soirs.

Attention : n'oubliez pas qu'humidité et électricité ne font pas bon ménage. Il n'est pas inutile de faire vérifier l'installation par un professionnel.



Le chauffage

Le problème est différent selon l'emplacement du terrarium et la température minimum tolérée par vos plantes. Pour des NEPENTHES de basse altitude, la température minimum de 18°C sera assurée au mieux en installant le terrarium en appartement chauffé. Pour les NEPENTHES de haute altitude, les DROSERA du Nord Queensland (D. adelae, D. prolifera, D, schizandra), plusieurs Utriculaires, etc., le minimum sera de 13°C. Une grande majorité de plantes se contenteront d'une protection à 5°C.


Deux types de protection complémentaires sont possibles : passive et active.

La protection passive consiste à isoler votre terrarium de l'air extérieur, en l'enveloppant dans un matériau isolant. Le plastique dit "à bulles" est très bien. L'épaisseur des bulles permet de garder une couche d'air entre le vitrage du terrarium et l'air extérieur. Bien sûr, il n'est pas très esthétique, mais permet d'être facilement retiré pour prodiguer les soins nécessaires, et a l'avantage d'être transparent, donc utilisable pour un terrarium en lumière naturelle. En lumière artificielle, il est possible de plaquer du polystyrène expansé sur les parois arrière et latérales du terrarium. La blancheur de ce matériau a en plus l'avantage de servir de réflecteur pour la lumière. Vous pouvez également recouvrir le tout de couvertures ou de sacs de couchage usagés.

La protection active utilisera une installation électrique pour laquelle il sera nécessaire de prendre toutes les précautions nécessaires (eau + électricité = danger). Là encore, deux solutions sont envisageables. Pour un terrarium à Nepenthes de basse altitude, la température devra être assez constante et l'humidité proche de 100%. Dans ce cas, le plus simple (et le moins risqué) est d'utiliser un système de chauffage pour aquarium. Le thermostat intégré sera réglé de manière à garder l'eau à 25°C. Il importe dans ce cas d'avoir une quantité d'eau assez importante, mais un terrarium à Nepenthes étant obligatoirement de grande taille, il y aura assez d'eau dans le fond (au moins 15cm). Un pompe immergée agitera l'eau pour répartir correctement la chaleur. L'autre solution concernera les plantes risquant de souffrir d'une humidité trop forte en hiver. Dans ce cas il est possible d'utiliser des câbles de chauffage pour terrarium à reptiles. Ces câbles sont conçus pour être enterrés dans le sable, au fond du terrarium. Ils sont parfaitement étanches (le conducteur est noyé dans une matière plastique souple), mais il sera nécessaire d'y adjoindre un thermostat. La meilleure solution que j'aie trouvée est d'acheter un thermostat pour radiateur électrique (en magasin de pièces détachées pour matériel électro-ménager). Il s'agit d'un bilame réglable généralement de 5 à 35°C. Le principe en est simple : dès que la température descend en-dessous du seuil choisi, un contact électrique s'établit, permettant à l'électricité de passer. Ces thermostats étant étudiés pour des radiateurs électriques de 2000 à 3000 Watts, il n'y aura aucun problème pour notre câble de 75 Watts. La solution la plus simple est de le caler au minimum (5°C), mais il sera nécessaire d'effectuer quelques tests pour le régler sur une température supérieure.

Le croquis ci-contre montre les branchements à effectuer. La prise mâle sera branchée sur le secteur, sur la prise femelle on branchera le câble. Toutes les prises devront être à l'extérieur du terrarium, hors d'atteinte de l'eau. Le thermostat, lui, ne pourra qu'être à l'intérieur du terrarium, aussi, est'il indispensable de l'isoler hermétiquement. Pour cela, on l'enveloppera dans un film plastique (en vérifiant que l'on n'en gêne pas le mécanisme), puis, on noiera le tout dans un peu de mastic silicone, le même qui a servi à construire le terrarium. L'ensemble pourra ensuite être enfermé dans un boîtier de raccordement électrique.

Maintenant que tout est prêt, disposez le câble autour des pots, placez le thermostat dans le terrarium, à la même hauteur que les pots et branchez l'ensemble. vous pouvez dormir tranquille, tant que vous payez l'E.D.F., vos plantes sont à l'abri.


Avertissement

Toutes les installations décrites ci-dessus ont été construites et utilisés par moi-même depuis plusieurs années, sans aucun problème. Il n'en reste pas moins que les montages électriques peuvent représenter un danger non négligeable si de grandes précautions ne sont pas prises. Au moindre doute, parlez-en et faites-vous conseiller (ou faites faire les montages) par un professionnel. Si vous vous jugez suffisamment compétent, je décline toute responsabilité en cas de problèmes qui peuvent être aussi graves que variés : électrocution, incendie, destruction de votre installation électrique, explosion d'un transformateur E.D.F., explosion d'une centrale nucléaire... (j'exagère un peu, mais je préfère vous faire peur que vous faire prendre des risques)





DIONÉE 35 - 1996