Fleur de Byblis liniflora ssp. occidentalis dans le Litchfield Park, le site le plus septentrional du territoire du Nord.

Photo : Serge Lavayssière

Byblis liniflora ssp. occidentalis

(John G. Conran & Allen Lowrie)
Trad. Serge Lavayssière
Article paru en Septembre 1993 dans "The Bulletin of The Australian C.P. Society", Volume 12 N°3


La famille de Plantes Carnivores des Byblidaceae sensu Cronquist (1981,1988) comprend deux genres : BYBLIS (2 espèces) en Australie et Irian Jaya (NdT.: Nouvelle-Guinée), et RORIDULA (2 espèces) en Afrique du Sud, bien que l'appartenance du genre RORIDULA à la famille des Byblidaceae ait été l'objet de contestation (Tahtadzan 1987; Dahlgren et Van Wyk 1988). Les deux espèces australiennes sont géographiquement séparées, avec Byblis gigantea Lindley endémique à la plaine côtière sableuse entre la région de Perth et Carnavon en Australie Occidentale, et Byblis liniflora qui traverse le nord du continent depuis les Kimberleys et les régions du "Great Sandy Desert" en Australie Occidentale, le Territoire du Nord, jusqu'au district de la péninsule du "Cape York" (Queensland), s'étendant jusqu'à un seul site (connu) près de Merauke, dans le sud est d'Irian Jaya (Steenis 1971).

Avec l'intérêt croissant porté aux Plantes Carnivores, particulièrement aux taxons australiens (Lowrie 1987, 1989, 1991), il y a maintenant de nombreux noms apparaissant dans la littérature, certains d'autre eux n'étant pas botaniquement valables. Dans le cas de BYBLIS, il y a plusieurs de ces "nouveaux taxons" du complexe de Byblis liniflora étant soit déjà publiés (Lowrie 1991), soit en cours de publication. Ces nouveaux noms comportent souvent les lieux de collecte tels que Byblis liniflora aff. 'Darwin' et Byblis liniflora aff. 'Kununurra', et risquent de se répandre dans la littérature, puisqu'elles commencent à apparaître sur les catalogues de graines internationaux. Afin d'éviter ceci, les collections de BYBLIS de Perth et Ad, ont été examinées et comparées avec des collectes fraîches effectuées dans la région des Kimberleys, de Darwin, et des plantes cultivées à partir de graines de ces "nouveaux" taxons prélevées sur le terrain. On les a aussi comparées avec le matériel type de différents taxons déjà considérés comme synonymes de Byblis liniflora.

Il existe déjà deux noms considérés comme synonymes de B. liniflora : B. caerulea R.Br. ex Planchon et B. filifolia Planchon. L'examen de photographies des spécimens type de ces deux taxons synonymes a révélé de petites plantes, avec peu de fleurs, des sépales de longueur similaire à celle des pétales, ces derniers ayant l'extrémité peatiquement pas dentelée. Ces deux taxons ressemblant fortement à la description du type et aux illustrations de Byblis liniflora, nous les avons donc considérés comme étant de l'espèce Byblis liniflora, ne différant pas suffisamment pour justifier le statut de sous-espèce ou de variété.

Les taxons récemment publiés (aff. 'Darwin' et aff. 'Kununurra') ont été tous deux considérés par Lowrie (1991) comme étant distincts. L'un d'entre eux (B. liniflora aff. 'Kununurra') est morphologiquement et floralement suffisamment distinct de la forme type pour mériter le statut de sous-espèce, et apparaît ne correspondre à aucun taxon décrit précédemment. Ces plantes sont facilement reconnaissables dans la nature par des fleurs généralement plus nombreuses au sommet de la plante, des pétales plus larges à l'extrémité dentelée, et des anthères allongées, plus longues que leurs filaments. Des spécimens vivants, aussi bien sauvages qu'en culture, peuvent être différenciés de la forme type par la couleur plus cerise ou magenta des fleurs, avec le dessous des pétales visiblement jaunâtres, ce caractère s'estompant lentement avec l'âge sur le matériel d'herbier. Les fleurs de la sous-espèce type sont généralement d'un bleu-lilas pâle, avec un dessous plus clair. Cette différence de coloration est apparente sur les spécimen d'herbiers des deux taxons pendant quelques années après la collecte, et peut parfois figurer sur les notes de collecte ou de collection, bien que ces dernières soient souvent moins détaillées sur les anciens specimens.

Comme cette nouvelle sous-espèce provient de l'extrémité ouest de l'aire de distribution de l'espèce, il lui a été donné le nom de occidentalis. Une clé de détermination des espèces et sous-espèces de BYBLIS figure ci-dessous, et l'aire de distribution du nouveau taxon est illustrée en Page .

Le taxon aff. 'Darwin' représente un écotype de B. liniflora qui croit dans un milieu au niveau d'humidité bien moindre que la forme type avec laquelle il cohabite dans certains sites autour de Darwin. Le statut précis de ce dernier à besoin d'études plus approfondies, en particulier concernant les "sculptures" des graines, mais pour l'instant, nous le garderons comme B. liniflora ssp. liniflora.



Byblis liniflora ssp. occidentalis Conran & Lowrie, subsp nov.

Herbe annuelle avec une tige érigée plus ou moins ligneuse à la base (généralement ramifiée) couverte de nombreux poils glandulaires visqueux insectivores. Hauteur de 5 à 55cm.

Feuilles linéaires, de section réniforme, longues de 6 à 9cm avec de nombreux poils glandulaires visqueux pédonculés.

Fleurs nombreuses, solitaires axillaires, fréquemment regroupées autour du sommet de la tige, plusieurs s'ouvrant en même temps.

Sépales obcuneiformes, 2-6mm de long, 1-2mm de large à la base.

Pétales obovales, roses à cerise-mauve, dessous jaune pâle, 5,5-15mm de long, marges lisses, extrémité profondément et irrégulièrement dentelée.

Filaments des étamines 0,7-2,5mm de long, anthères 2-4mm, plus longues que les filaments.

Ovaire 1,2mm de long, densément glandulaire; style jusqu'à 5,5mm de long, avec de nombreuses papilles à l'extrémité.

Capsule plus ou moins ovoïde, 4mm de diamètre, graines nombreuses aux sculptures réticulées profondes avec des stries longitudinales rugueuses.



Ecologie et Notes

Cette plante pousse sous des conditions similaires à la sous-espèce type, et est fréquemment associée à Drosera burmanni Vahl et à des membres du complexe Drosera petiolaris R Br. La floraison se produit de mars à septembre, principalement entre avril et juin, les graines étant dispersées dès la maturité. Tout comme la sous-espèce type, cette plante survit à la saison sèche à l'état de graines. Là où les aires de répartition des deux sous-espèces se recoupent, au nord-est de Australie Occidentale où à l'ouest du Territoire du Nord, nous ne les avons jamais trouvées, et elles ne semblent pas avoir jamais été collectées poussant ensemble où à proximité l'une de l'autre. Que ce fait soit la conséquence de différences écologiques, ou des circonstances de collecte, il nécessite de plus amples recherches, mais les observations approfondies sur le terrain apportées par des notes de collectes des pages d'herbiers, laissent entendre que Byblis liniflora ssp. occidentalis pousse dans des conditions généralement plus sèches et dans un sol mieux drainé que la sous-espèce type, et que les deux ne cohabitent pas. Ces différences d'habitat sont encore confirmées par l'expériences de la culture où il s'avère que ssp. occidentalis est plus exposé au pourrissement sous des conditions de forte humidité constante.

D'après des observations de terrain approfondies et les enregistrements d'herbiers, Byblis liniflora ssp. occidentalis semble être la forme dominante que l'on trouve dans la région des Kimberleys du nord de l'Australie Occidentale. Les plantes se trouvant plus au sud, en particulier dans le "Great Sandy Desert" sont généralement plus petites (souvent seulement 5-8cm de haut) mais, de par leurs fleurs, appartiennent clairement à cette sous-espèce. Les caractères distinctifs des différents taxons de Byblis d'Australie sont exposés dans la clé de détermination ci-dessous :



Clé de détermination de Byblis en Australie

1. Plantes pérennes se régénérant à partir d'une souche ligneuse

............................................. B. gigantea

1. Plantes plus ou moins herbacées, annuelles ou de courte durée de vie se régénérant par graines

2. Plantes courtes, généralement moins de 20cm de haut, tiges très rarement ramifiées; fleurs peu nombreuses, bien espacées dont peu s'ouvrent simultanément, lilas-bleuâtre au dessous lilas-blanchâtre; anthères plus courtes que leurs filaments; sépales à peine plus courts que les pétales, extrémité des pétales lisse ou légèrement dentelée: graines aux sculptures faiblement réticulées entre les stries longitudinales

............................. 2a. B. liniflora ssp. liniflora

2. Plantes généralement plus hautes que 20cm, tiges couramment ramifiées, fleurs souvent nombreuses et concentrées près de l'apex de la tige, plusieurs ouvertes simultanément, roses ou mauve-cerise, au dessous jaune pâle; anthères plus longues que leurs filaments; sépales d'une longueur d'environ la moitié des pétales, extrémité des pétales dentelée; graines avec de profondes sculptures réticulées entre les stries longitudinales

........................... 2b. B. liniflora ssp. occidentalis




Références

  • Cronquist, A. (1981). 'An Integrated System of the CIassification of FIowering PIants.' (CoIumbia University Press: New York.)
  • Cronquist, A. (1988), 'The EvoIution and Classification of Flowering Plants.' (New York BotanicaI Garden: New York.)
  • DahIgren, R. M. T., and van Wyk, A. E. (1988). Structures and relationships of families endemic to, or centred in Southern Africa. In 'Modern Systematic in African Botany'.(Eds P. Goldblatt and P. P. Lowry II) pp. 1-94. (Missouri Botanical Garden : St Louis)
  • Lowrie, A. (1987). 'Carnivorous Plants of Australia, Vol. 1' (University of Western Australia Press: Perth)
  • Lowrie, A. (1989). 'Carnivorous Plants of Australia, Vol. 2' (University of Western Australia Press: Perth)
  • Lowrie, A. (1991). A Field Trip to Darwin and Kununurra for CP. Carnivorous Plants Newsletter 20(4), 114-123
  • Lowrie, A. (in prep.). 'Carnivorous Plants of Australia, Vol. 3' (University of Western Australia Press: Perth)
  • Steenis, C. G. G. J. van (1971). Byblidaceae. Flora Malesiana, Series I, 7, 135-137
  • Tahtadzan, A.L. (1987). 'Sysema Magnoliofitov.' (Nauka: Leningrad.)




DIONÉE 34 - 1995