Drosera falconeri: CULTURE ET MULTIPLICATION (Bruce PIERSON) - Traduction Pierre Sibille -
A la fin de l'été 1990, un ami m'a envoyé un plant de Drosera falconeri,
une espèce que j'avais tenté d'obtenir depuis longtemps. N'ayant aucune
expérience préalable pour cette espèce, je décidai de la cultiver comme
mes D. petiolaris, avec lesquels j'avais réussi depuis plusieurs années.
Avant de planter D. falconeri, je prélevai quelques feuilles pour tenter
une multiplication, au cas où quelque chose de fâcheux arriverait au
pied-mère. Les feuilles entières, base comprise, furent détachées avec
précaution de la plante, de la même manière que l'on prélève des boutures
de feuilles de PINGUICULA. La base de chaque feuille fut placée dans un
pot de sphagnum vivant, la moitié du limbe étant légèrement recouvert de
sphagnum.
La plante fut rempotée dans un mélange de 3 parts de gros sable de
rivière et d'une part de tourbe (le même mélange que j'utilise pour
D. petiolaris et D. lanata), et placée dans un terrarium avec les
boutures de feuilles, dans mon compartiment de NEPENTHES de basse
altitude.
Comme l'hiver approchait, plusieurs feuilles commencèrent à bourgeonner
à la base et la plante forma des feuilles plus petites jusqu'à ce qu'un
état de dormance fut atteint. Pendant l'hiver, les plantules à la base
des feuilles entrent aussi en dormance. Quand nous étions à Albion Park
(Nouvelles Galles du Sud) mon compartiment de NEPENTHES (basse altitude)
était chauffé en hiver, avec une température minimale de 12°C la nuit et
une température diurne atteignant 16°C. C'était vraiment insuffisant pour
certains NEPENTHES et il arrivait que quelques Nepenthes gracilis meurent
pendant l'hiver.
La température s'avéra aussi trop basse pour D. falconeri car la plante
d'origine périt. Sur les trois plantules formées à partir des boutures
de feuilles, deux survécurent. Je confiai l'une d'elles à un ami. L'autre
se développa lentement en été et entra en repos pendant l'hiver de 1991.
Elle poussa de nouveau au cours de l'été suivant et se trouvait en dormance
en hiver 1992 quand nous avons déménagé vers le Queensland.
Actuellement j'ai des serres provisoires pour mes plantes carnivores en
attendant que je construise des installations permanentes. Pendant l'hiver
1992, la température a baissé jusqu'à 1°C à l'intérieur de la serre à
NEPENTHES atteignant dans la journée le milieu des 20°C. Il apparaît
qu'avec des températures diurnes élevées, les plantes peuvent tolérer
des températures nocturnes basses puisqu'au cours de cet hiver, je ne
perdis aucun N. gracilis (ma seule perte fut une bouture, non reprise,
de N. petiolaris). Quelques NEPENTHES brunirent mais leur végétation
reprit au printemps et en été.
Pendant l'été de décembre 92 - mars 93, D. falconeri se développa bien
avec de grandes feuilles semblables à celles de la plante d'origine reçue
en 1990. Elle était dans un pot de 50mm de diamètre et 75mm de haut et,
comme les racines commençaient à pousser hors des trous de drainage, je
l'ai rempotée dans un pot de 100mm. La plante fut arrosée par le dessus,
sans être protégée en terrarium comme elle l'était à Albion Park.
Cependant, elle a bien poussé pendant l'été, se teintant d'une couleur
rouge vif.
L'hiver (juin - septembre) 1993 vient de finir. Au début de cet hiver,
j'avais garni l'intérieur de ma serre à NEPENTHES avec un film de plastique
pour essayer de retenir un peu plus de chaleur la nuit, et augmenter
l'humidité. Ces précautions combinées à un hiver doux ont permis aux
NEPENTHES de passer cette saison dans de meilleures conditions que
l'année précédente. Ma future serre à NEPENTHES contiendra un chauffage
solaire qui, je le pense, apportera une amélioration.
Pendant l'été, quand Drosera falconeri repartira en végétation j'espère
faire à nouveau des boutures de feuilles. J'envisage aussi de rempoter
tous mes D. petiolaris et mon seul D. lanata.
Le procédé de multiplication utilisé pour D. falconeri fut pour la
première fois signalé dans Carnivorous Plant Newsletter par Curtis Yax
qui avait multiplié ainsi avec succès D. petiolaris. Mes essais pour
reproduire D. petiolaris et D. lanata par cette méthode en 1990 - 91
furent vains, mais j'essaierai de nouveau avec ces espèces cette année.
Il semble probable que la plupart ou la totalité des espèces apparentées
à D. petiolaris puissent être multipliées de cette façon.
Mon expérience avec D. falconeri semble indiquer que cette espèce exige
une très bonne luminosité et, plus encore, un très haut niveau
hygrométrique. Les températures optimales semblent être aux alentours
de 25°C la nuit, 35°C le jour en été, avec une photopériode de 14 à 16
heures, et, en hiver autour de 15°C la nuit, 25°C le jour, avec 8 à 10
heures de lumière, bien que des températures inférieures soient tolérées
pour de courtes périodes.
Habitant maintenant le sud-est du Queensland, de climat subtropical je
pense pouvoir cultiver D. falconeri sans trop de soucis. Les amateurs
demeurant en Europe peuvent probablement réussir avec cette espèce en
la cultivant en terrarium chauffé, avec un éclairage complémentaire.
(Sur ces DROSERA du Nord-Australien voir les articles de Romain Duval
dans Dionée 23 et 24)
DIONÉE 31 - 1994
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