CULTURE DE PINGUICULA EN 1910

(Extrait d'un article de F. Denis)




Connaissant mon intérêt pour la culture et l'hybridation de Pinguicula René Aubry a eu l'amabilité de m'envoyer un extrait de la Revue Horticole de 1910, dans lequel un article de F. Denis mentionne de surprenants hybrides, ainsi que deux méthodes de semis qu'il serait peut-être intéressant de remettre à l'ordre du jour, le semis de Pinguicula n'étant pas toujours fructueux.

(Serge Lavayssière)


"J'ai pu féconder, en juin 1909, deux fleurs de Pinguicula grandiflora Lamark par le pollen de Pinguicula caudata. Les graines semées dès maturité, germèrent facilement, et, sur une dizaine de plantules encore vivantes, la première fleurit fin août 1910. La fécondation inverse, P. caudata par P. grandiflora, n'a pas donné de graines fertiles.

Cette fécondation était intéressante, d'abord parce que la plante séminifère est mexicaine alors que l'autre est européenne, et, en outre, parce que ces deux espèces appartiennent à deux sections différentes du genre. Le Pinguicula caudata conserve ses feuilles toute l'année et n'a pas de souche bulbeuse; les feuilles du P. grandiflora sont, au contraire, caduques, et la plante possède un bulbe écailleux. L'hybride a hérité davantage des qualités du père que de celles de la mère. Il n'a pas de bulbe, ses feuilles sont persistantes et, comme le P. caudata, il fleurit à plusieurs reprises dans le cours de l'année, ce que ne fait pas le P. grandiflora. (...)

M. Irwin Linch, conservateur du Jardin Botanique de Cambridge, a bien voulu accepter que le nouvel hybride lui soit dédié. (...) Il a lui-même obtenu un hybride un hybride très voisin, du P. caudata fécondé par P. vulgaris Linné. Il n'a pas encore fleuri, mais l'an prochain sans doute, nous connaitrons les affinités entre l'hybride français et celui qui a été obtenu en Angleterre.

Les semis de Pinguicula réussissent facilement. On peut employer, qui ne sont pas nouvelles, car elles sont d'un usage courant pour les semis d'orchidées: Dans une terrine garnie de tessons au fond, on met une couche de sphagnum vivant et au-dessus un demi-centimètre de sciure de bois résineux, pas trop fine. On choisit de préférence un bois résineux, Pin, Pithpin, Sapin, etc., pour éviter qu'il ne moisisse. On arrose bien le tout par un trempage dans un seau et on sème les graines à nu. Pour entretenir l'humidité, arroser par trempage du fond de la terrine quand c'est nécessaire.

Un autre procédé réussit aussi bien. Prendre du sphagnum vivant, dont on fait une boule qu'on entoure d'une toile de lin ou de chanvre et qu'on coud ensuite. On place la boule dans une terrine bien drainée, de façon qu'entre le bord du vase et la toile, il y ait 3 à 4cm de vide. Semer sur cette boule, recouvrir d'un verre et tenir à l'ombre.

Ces deux modes de semis m'ont aussi très bien réussi avec des graines d'Utricularia montana (syn. U. alpina et U. unifolia), une charmante plante de serre tempérée-froide pas assez cultivée, malgré la beauté de ses fleurs et son intéressant procédé pour capturer les insectes."


DIONÉE 26 - 1992