Drosera graminifolia et
Drosera villosa

(P. Sibille)


Drosera villosa

Photo : Serge Lavayssière

La très riche flore de l'immense Brésil comporte de nombreux Utricularia, quelques Genlisea et une douzaine d'espèces de Drosera connues à ce jour. Esquissons un portrait de deux d'entre elles: D. graminifolia et D. villosa, décrites, comme la plupart des autres, par Auguste de Saint-Hilaire qui les observa lors de ses voyages au Brésil entre 1816 et 1822.


D. graminifolia est le plus grand des Drosera brésiliens. Ses feuilles filiformes, érigées, sont longues (de 10 à 25cm) et étroites (1,5 à 3mm). La forme générale rappeLle l'espèce nord-américaine D. filiformis mais les stipules sont différentes: nombreux cils à la base du pétiole chez D. filiformis, stipules en forme de lame chez D. graminifolia. Les feuilles, plus épaisses, de celle-ci, lui donnent, selon F. Rivadavia, un aspect général plus robuste que D. filiformis. La hampe florale atteignant 35cm porte de 6 à 30 fleurs roses, de 2cm de diamètre.

Habitat: sur sphagnum, aux endroits rocheux et humides où l'eau suinte, entre 1000 et 2000m d'altitude.

D. graminifolia a été observé dans l'Etat de Minas Gerais, près de Diamantina, à Caraça, à Grào Mogol.


Bien différent d'aspect et plus répandu que le précédent, D. villosa forme des rosettes de feuilles linéaires-lancéolées, légèrement recourbées. Le limbe vert-olive, garni sur le dessus et les bords de glandes pédiculées rouge vif, velu en-dessous, s'amincit vers le pétiole feutré de poils courts sur ses deux faces. Ce "drosera villeux" est de taille variable selon les stations (diamètre de la rosette de 4cm à 12cm ou même plus). Lors du printemps brésilien (septembre - décembre), se développe une hampe florale portant de 4 à 20 fleurs aux pétales obovales d'un rose vif et anthères jaunes.

Cette plante se rencontre entre 500 et 1600m d'altitude en différents milieux : coussins de sphagnum, prairies humides mais aussi sols argiieux relativement secs et pelouses de pentes où l'apport d'eau ne peut se faire que par les pluies et le brouillard nocturne.

Fernando Rivadavia a trouvé D. villosa, parfois en abondance, dans plusieurs sites entre Sào Paulo et l'océan (voir article).


CULTURE

Drosera villosa

La culture de cette belle espèce ne présente pas de difficulté particulière. On peut utiliser le mélange préconisé par Adrian Slack (tourbe 3, sable 1), éventuellement surfacé de sphagnum ou celui, plus aéré, conseillé par Alastair Culham (sphagnum 1, tourbe 1, perlite 1). Le pot, humidifié par la base, est placé dans un terrarium, à bonne exposition, mais protégé du soleil trop vif. Eclairage complémentaire par tube(s) fluorescent(s) de l'automne au printemps. Quel privilège de voir ainsi rutiler D. villosa pendant les jours les plus sombres I

Année après année, les rosettes s'étagent et le développement de la plante est vigoureux; toutefois je n'ai pas encore vu fleurir ce drosera. Peut-être un fléchissement plus marqué de la température en hiver serait-il nécessaire pour induire la floraison printanière ?

La reproduction s'effectue aisément (mais lentement...) par semis ou par boutures de feuilles. Les feuilles prélevées avec au moins 1cm de pétiole, sont plaquées sur une couche de sphagnum moulu, humide, le pétiole étant enfoncé dans la mousse. Le tout est placé dans un petit terrarium, à température comprise entre 20° et 25°. Les nouvelles pousses apparaissent après environ deux mois.


Drosera graminifolia: échec de premières tentatives à partir de graines. Appel aux témoignages sur la culture de l'une et/ou l'autre de ces espéces.


Je tiens à remercier F. Rivadavia, J.D. Degreef, ainsi que Mme C. Franqueville de la Bibliothèque Centrale du Museum de Paris.


Sources

  • Histoire des plantes les plus remarquables du Brésil et du Paraguay - Auguste de Saint-Hilaire, 1824.
  • Article de Thomas Carow dans "Das Taublatt" n° 5 (1986).


DIONÉE 26 - 1992