UTRICULAIRES ET PINGUICULA DU NEPAL (E. Guillou-Gotkovsky)
Dans l'ouvrage de J.F. Dobrenez "Le Népal - Ecologie et biogéographie" aux
Editions du Centre National de la Recherche Scientifique - 1976, quelques
précisions sont apportées quant à deux espèces d'Utriculaires (U. brachiata, U.
striatula) et quant à "notre" P. alpina.
En effet, dans ce livre traitant du milieu Népalais (orographie et topographie,
géologie, le sol, climatologie, la flore...), la cartographie écologique, I'homme et
les relations hommes-milieu naturel, nous trouvons en troisième partie "la
végétation et son écologie" qui décrit avec précision les différentes zones: zone
tropicale, subtropicale, tempérée, subalpine, alpine et steppique.
Quelques précisions supplémentaires concernant les localisations y sont trouvées:
On retrouve l'U. striatula dans la zone tempérée. L'amplitude altitudinale de cette
zone est de l'ordre de 1000 à 1100m. Elle s'étend dans le centre du pays entre 2000
et 3100m, et, dans l'Est, entre 1700 et 2700-2800m. Les caractères
thermiques sont les suivants: température moyenne annuelle variant entre 15°C et
8-9°C, température du mois le plus froid: 6-8°C à 1-3°C.
La pluviosité est très variable.
L'amplitude de la zone tempérée justifie son découpage en deux étages de végétation
qui sont appelés collinéen et montagnard par souci d'homologation avec les
étages correspondants des Alpes.
L'U. striatula se situe plus exactement dans l'étage collinéen qui est avant tout le
domaine des chênes à feuilles persistantes et des Fagacées voisines, Lithocarpus,
Castanopsis. Toutes ces espèces sont originaires de Chine méridionale et ont
pénétré au Népal en suivant la bordure sud de l'Himalaya. L'étage collinéen est
divisé en différentes parties où l'on retrouve diverses forêts.
L'U. striatula est trouvée, peu fréquemment, dans les forêts à Quercus lamellosa
et Castanopsis hystrix.
L'U. brachiata est retrouvée dans la zone alpine du Népal, dont la végétation est
à base de conifères et s'étend jusqu'à la limite de la végétation forestière.
L'amplitude altitudinale de cette zone est d'environ 1000m. La limite inférieure se
place entre 3000 et 3100m, la limite supérieure atteint 4200m dans les zones
très sèches du Nord-Ouest et seulement 3800m dans l'Est. Ainsi, dans cette
zone, on distingue un étage subalpin inférieur, dont l'Abies spectabilis est
caractéristique, qui forme des forêts pures, et évite les zones les plus sèches
(Ouest et Nord) et les plus humides (Est). Dans cet étage subalpin, différentes
forêts y sont trouvées, dont celle à Rhododendron. Là, les forêts ne sont pas
aussi hautes qu'autre part. Les Rhododendrons ne dépassent guère une dizaine de
mètres de haut. Les arbres sont toujours extrêmement serrés et la végétation est
très dense. Tous les végétaux élevés sont couverts de lichens, de mousses,
d'hépatiques et de fougères hygrophiles. Le sol est parfois couvert d'une épaisse
couche de briophytes qui éliminent toute autre plante. Donc, parmi les espèces du
niveau supérieur de la forêt de Rhododendrons, I'U. brachiata se développe.
La zone alpine a, dans toutes les montagnes, une richesse floristique et
phyto-sociologique
incomparablement plus élevée que les niveaux inférieurs. L'Himalaya
ne fait pas exception à la règle: on dénombre 2500 à 3000 espèces phanérogamiques
présentes. L'amplitude altitudinale de cette zone est grande (1000 à 2500m ) .
L'étage alpin supérieur, qui s'étend de la limite de la forêt (3950 à 4100m)
environ, est caractérise par le nombre élevé d'espèces ligneuses de petite taille.
La plupart des espèces de l'étage alpin inférieur descendent dans le subalpin
supérieur quand ce dernier est défriché.
On y trouve les pelouses qui n'ont comme caractères communs que le fait de ne
contenir que très peu de plantes ligneuses et d'avoir des sols sans éléments
grossiers (rochers, cailloux) affleurant. Parmi les plantes caractéristiques des
pelouses climatiquement sèches, on trouve quelques espèces de Primula,
d'Asters... et la P. alpina.
Cette dernière n'est pas retrouvée dans la liste des plantes caractéristiques des
pelouses climatiquement humides, ni dans celle des plantes des marais alpins.
Enfin, il faut ajouter que, dans l'étage alpin inférieur, la période de végétation
s'étend en moyenne du 1er juin au 30 septembre. Suivant les années, ces dates
varient d'une quinzaine de jours en avance ou en retard.
Les données exactes concernant la nature physique et chimique des sols, ainsi que
la climatologie où poussent les plantes carnivores sont peu courantes. Puisse cet
article apporter quelques informations utiles, complémentaires de celles figurant
dans la superbe monographie de Peter Taylor.
DIONÉE 25 - 1992
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