QUELQUES OBSERVATIONS SUR U. australis (R. Br) ( P. Souben)
Taxonomie:
Peut-être plus connue sous le nom d'U. neglecta ( Lehm. ), voire U. major
(Schmidel).
L'étude réalisée sur le genre par Peter Taylor montre par ailleurs que cette
espèce a été de nombreuses fois confondue avec d'autres espèces et a, de la
sorte, porté bien des noms.
Pour en venir à notre hexagone, la confusion dans sa reconnaissance est aisée
avec une autre espèce autochtone répandue: U. vulgaris.
Différenciation entre U. australis et U. vulgaris
Le principal critère de reconnaissance réside dans la lèvre supérieure de la fleur,
oblongue chez U. australis et orbiculaire chez U. vulgaris. Secondairement, chez
les fleurs "fraîches", la lèvre inférieure est pratiquement plane chez U. australis
alors qu'elle est bien rabattue chez U. vulgaris (caractère peu évident).
Pour les personnes munies d'une bonne loupe binoculaire, les lanières des feuilles
sont plus finement denticulées chez U. australis que chez sa cousine (cf. dessins
pages 84 et 86 dans "Les plantes carnivores de France"). Les dents semblent
pédonculées chez U. australis et sessiles chez U. vulgaris.
De plus, la fructification est extrêmement rare chez U. australis (fleurs stériles)
et semble beaucoup plus répandue chez U. vulgaris.
Malgré ces quelques lignes directrices données par la bibliographie, la
différenciation des deux espèces reste assez problématique lorsque l'on tombe sur
des fleurs aux caractères peu affirmés ...
La chose peut se compliquer lorsque l'on se trouve en présence des deux espèces
dans la même mare, bien que Peter Taylor ait relevé une préférence d'U. australis
pour les eaux acides alors qu' U. vulgaris préférerait une eau plus riche en
bases.
Observations en milieu naturel
Les sécheresses estivales marquées et répétées de ces dernières années ont
favorisé l'éclosion des fleurs, et par là, I'observation des utriculaires en milieu
naturel. Le sud du département de la Sarthe comprend essentiellement deux
grandes régions naturelles appelées "Maine blanc" et "Confins de
l'Anjou-Touraine" (Baugeois) caractérisées par un étage géologique à base de
sables du secondaire (Cénomanien) menant à des sols lessivés à podzoliques
fortement acides (régions de pins maritimes, chênes tauzins, bruyères à balais) .
La quasi-totalité des stations à P.C. que j'ai pu inventorier ces dernières années
y sont localisées. Ces régions du département, à la pluviométrie déficiente (de 65O
à 700mm de précipitation moyenne par an avec un net déficit estival) comprennent
quelques plans d'eau naturels, ou de constructions anciennes, dont les nappes
sont sujettes à variations plus ou moins importantes. Sur trois de ces plans
d'eau, de plusieurs hectares chacun et bien répartis dans ces régions, je n'ai pu
y relever, semble-t-il, que la présence d'U. australis. La floraison reste plutôt
aléatoire et toujours très faible dans ces grands - plans d'eau, sauf évènement
particulier (étang vidé en été pour récupérer le poisson). Toutefois, la
sécheresse de ces dernières années a fait baisser plus que la normale le niveau de
l'eau et a pu ainsi assécher des banquettes ou isoler quelques mares. L'eau a pris
une coloration jaune caramel dans les poches d'eau ainsi créées (comme un vieux
Sauternes de 15 ans d'âge) et les petites fleurs jaune d'or ont fait leur
apparition. Certains de ces plans d'eau sont reliés par un réseau de fossés et
canaux à des dépressions tourbeuses et des mares qui deviennent indépendantes
en été lors de l'abaissement des eaux.
Les utriculaires sont habituellement inféodées aux zones peu profondes des étangs
et donc souvent limitées aux bordures des grands plans d'eau. En revanche, elles
"infestent" littéralement ces dépression humides et mares
Les plantes situées en zone ombrée gardent une belle coloration vert-émeraude qui
vire au jaune-diaphane lorsque la plante est fortement exposée au soleil dans une
mare presque asséchée. Les plus beaux sujets d'U. australis dépassent
allègrement un mètre de long (vus jusqu'à 1,30m/1,40m).
Les utricules virent au noir lorsqu'ils ont capturé une proie.
La floraison se poursuit jusqu'au dessèchement complet de la mare et à la
déshydratation de la plante. U. australis semble très résistante à la sécheresse
puisqu'une mare isolée totalement asséchée l'an dernier a refleuri cette année
assez densément (sans apport extérieur).
Bibliographie
NOTA:
J. & P. Pietropaolo relèvent U. australis sous le nom d'U. macrorhiza
dans "Carnivorous plants of the Worid" - Timber press - 1986 (pages 132-133).
DIONÉE 24 - 1991
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