Un aquarium à Droseras Pygmées (Serge Lavayssière)
Depuis plusieurs années déjà, les Droseras pygmées avaient leur place dans
nos collections. Faute d'information, nous nous limitions aux espèces les
plus tolérantes que nous cultivions selon un régime saisonnier standard
réussissant à beaucoup de nos plantes: été chaud et humide, hiver frais et
sec. La production hivernale de gemmes nous permettait de garder plusieurs
années Drosera "Lake Badgerup", Drosera pulchella, Drosera pygmaea et
quelques autres. De nombreux essais avec des espèces plus délicates se
soldaient souvent par des échecs. La plante entrait en dormance l'été,
bien souvent pour ne jamais en sortir.
Bien que plutôt descriptif et strictement botanique, le Tome 2 de
Carnivorous Plants d'Allen Lowrie nous a été d'un grand secours en culture.
Je vous renvoie, si vous ne possédez pas cet ouvrage, aux deux chapitres
que l'auteur nous a aimablement autorisés à traduire dans Dionée n°19 et 21.
On apprend d'abord que les Droseras pygmées (comme les Tubéreux, eux aussi
australiens) ont un cycle végétatif hivernal. La période de croissance
active s'effectue de l'automne jusqu'au printemps, l'été étant une saison
de repos absolu ou de croissance ralentie en raison de l'absence (ou de la
réduction) d'humidité. On s'aperçoit également que chaque espèce apprécie
une certaine altitude par rapport au niveau maximal de la nappe d'eau. Nous
lisons ainsi page 7 que Drosera occidentalis ssp occidentalis pousse
presque au niveau de l'eau, étant même parfois submergé au cours de l'hiver.
Un peu plus haut se trouve Drosera nitidula ssp nitidula alors que Drosera
pulchella pousse à environ 30cm au dessus du niveau d'eau. D'autres espèces
occupent les sites plus secs jusqu'à 2 mètres ou plus de la nappe d'eau.
Les plantes poussant dans les dépressions ont ainsi beaucoup d'eau l'hiver,
et le sol ne se dessèche pas totalement en été. Plus en hauteur, les
plantes ne trouvent plus qu'un peu d'humidité en hiver et subissent l'été
une très sévère aridité. La difficulté est donc d'assurer à chacune ses
propres besoins en eau tout au long de l'année. Depuis maintenant deux ans,
j'ai la chance de garder une dizaine d'espèces dans le même récipient, bien
que chacune puisse disposer d'un traitement adéquat. Chaque automne la
production de gemmes est abondante et l'été, alors que les unes continuent
leur croissance, les autres bénéficient d'un régime plus sec et entrent en
dormance pour quelques mois.
L'aquarium
Une installation assez simple permet d'assurer aux différentes espèces
leurs besoins en eau. Un terrarium est installé à l'extérieur, exposé
Sud-Ouest, derrière un grillage plastique à mailles serrées afin d'éviter
un échauffement en été (la température y fait tout de même des pointes à
40°C). Le couvercle, non hermétique, permet une légère ventilation. Le
fond et garni d'une épaisseur de tourbe de 5 à 10cm suivant les endroits.
A 10cm du fond, le verre est percé d'un trou de drainage afin d'évacuer
l'excédent éventuel d'eau. Pour l'hiver, j'enlève l'ombrage, et enveloppe
le terrarium d'une épaisseur de plastique à bulles. Une température
minimale de 5°C est assurée grâce à un thermostat et un cable de chauffage
pour terrarium à reptiles. Les pots de 10cm sont posés sur la couche de
tourbe, les espèces appréciant l'humidité là où la couche est la moins
épaisse (et toujours humide), les espèces entrant en dormance l'été sur
les hauteurs, la surface de la tourbe séchant presque en été.
L'arrosage
Je n'arrose jamais les pots, seulement le fond du terrarium. De l'automne
au printemps, le niveau d'eau affleure la base des pots les plus bas
(plantes nécessitant beaucoup d'eau). Les autres ne reçoivent leur humidité
que par capillarité. L'été, je laisse la tourbe sécher et blondir sur les
hauteurs, mais j'arrose suffisamment pour qu'elle reste humide et bien
brune dans les dépressions. Par capillarité, les pots (sans drainage)
reçoivent ce qu'il leur faut d'humidité, l'atmosphère ne se dessèche pas
(favorable aux plantes encore en végétation) et la lumière est abondante
(nécessaire aux bourgeons dormants). Les pots placés sur les hauteurs
sèchent, le compost se décolle d'au moins 5mm des bords du pot. Les
bourgeons dormants, blancs et velus, trouvent suffisamment d'humidité
pour leurs besoins modestes grâce à leurs racines profondes.
Quelques espècesLes neuf espèces que je cultive sont disposées suivant leurs besoins.
Annexe
d'après Carnivorous Plants of Australia, Vol 2, Allen Lowrie,
University of Western Australia Press, Nedlands, Western Australia 6009
DIONÉE 23 - 1991 |