Genlisea EN AFRIQUE DU SUD (Romain Duval)
Cette année , j'ai eu la chance de passer un mois en Afrique du sud , à
Nelspruit ( 360km au NE de Johannesburg).
Lors d'une excursion autour de Nelspruit , nous nous sommes arrêtés près de
la ville de Sabie, au site de "Mac-mac pools". L'endroit ressemblait à une
station de pique-nique avec des tables à l'ombre des sapins, un parking, une
petite riviére et de gros rochers . Sur les berges de la rivière, de l'herbe
drue en alternance avec de véritables "coussins" de sphagnum plantés de
fougéres arborescentes , les pieds dans l'eau glacée .
En descendant le long de la rivière , je remarquai des bottes de sphagnum
plus sec , sur des bancs de sable pur, avec quelques longues herbes . Mon
attention fut brusquement retenue par une faible tache violette se détachant
sur la blancheur du sable . M'approchant , le souffle court , je reconnus l'allure
d'une fleur d'Utriculaire . Descendant mon regard le long de la tige, je vis
une rosette de petites feuilles ovales, cuivrées, scintillant sous le soleil ;
le doute n'était plus permis. Genlisea !
Je trépignai sur la berge, impatient de faire partager ma joie à mes amis.
Ceux-ci ne comprirent d'ailleurs pas pourquoi la vue d'une vulgaire "herbe"
(sur laquelle ils auraient négligemment marché) me faisait pousser de si
grands cris !
La rosette mesurait environ 2cm, la hampe florale, rougeâtre, portait une
fleur trilobée violet-mauve, un fruit mûrissait au soleil et d'autres boutons
floraux se préparaient à l'éclosion.
Entre les herbes, à l'ombre, je trouvai Genlisea sous une forme différente :
feuilles vertes de 4cm, émergeant au hasard du sol sableux. Drosera burkeana
était également présent à cet endroit.
Les deux exemplaires de Genlisea baignaient dans l'eau fraîche, leurs longs
piéges torsadés de 7cm, à peine recouverts de sable .
Je n'ai pas eu le loisir de rester plus longtemps à ce site (j'y aurais bien
passé la journée entière) , mais je suis sûr que les nombreuses "criques"
sableuses que formait la rivière (je n'en avais visité qu'une) , me réservaient
bien des surprises.
NB : Dans la nature, les pièges de Genlisea ne sont pas , ou sont peu
enfoncés dans le sol, et affleurent à la surface au point d'être souvent
visibles. ll serait donc plus logique de cultiver ces plantes dans des
récipients larges et peu profonds où leurs pièges pourraient se grouper
horizontalement autour de la rosette .
DIONÉE 21 - 1990 |