BOUTURES DE CEPHALOTUS

(Daniel MORENO)


Lorsque j'ai reçu mon premier Cephalotus, en provenance directe de l'Australie, le premier problème a été sa multiplication. J'ai consulté tous les livres de ma bibliothèque mais la question est restée sans réponse.

Les amateurs ou les professionnels de la culture in-vitro m'ont toujours dit "le Cephalotus ne peut pas se multiplier par cette méthode, car tous les plants que nous possédons sont infestés par une bactérie, ce qui rend les micros boutures impossible."


Un premier résultat positif est venu d un ami anglais, Victor SMYTH. Il faut dégager la feuille vers le bas en prélevant un petit morceau du pétiole, mettre la feuille en bordure du pot (une face de la bouture contre le pot et l'autre contre le compost). Là j'ai réussi environ une fois sur cinq, ce qui est loin d'être un exploit.


En 1987 je rendis visite à un ami, Jean Pierre CHICHERY (que je remercie encore pour son accueil et sa gentillesse). C'est là que j'ai vu les premiers Cephalotus en boutures.


Dès mon retour à la maison, j'ai construit un grand bac en verre (longueur 70 cm, largeur 50 cm, hauteur 70 cm) avec une trappe sur l'avant afin d'accéder plus aisément à l'intérieur. Le fond de ce bac est garni de cinq centimètres de sable dans lequel j'ai noyé un cordon chauffant de 50W commandé par un thermostat d'aquarium, calé a 25 degrés centigrades. Dans une boite en plastique de 10 cm sur 10 cm et 7 cm de hauteur j'ai mis deux rangées de billes d'argile dans le fond, au dessus deux centimètres de tourbe et sable (50/50) et pour terminer trois centimètres de sphagnum hâché.

Sur le pied mère de Cephalotus j'ai prélevé des feuilles et des pièges; en général ces feuilles ou pièges sont jeunes, environ un an. Mettre les boutures dans le sphagnum de la boite en plastique et humidifier jusqu'à hauteur des billes d'argile, le tout est ensuite placé dans le grand bac (mini-serre de bouturage) avec une pulvérisation tous les deux jours afin de maintenir une bonne humidité. Avec cette méthode, la bouture ne jaunit pas mais continue sa croissance. En un mois, une petite protubérance se forme à la base de la feuille Et la première racine apparaît. Au cours du deuxième mois, trois ou quatre feuilles et pièges émergent du sphagnum. Dès le troisième mois, je transfère les boutures dans des pots avec un compost (50/50) tourbe et sable, avec un centimètre de sphagnum à la surface. Ces pots sont placés dans une mini-serre non chauffée en espaçant de plus en plus les vaporisations et en entrouvrant afin de ramener les boutures à une culture normale.

Le résultat de cette méthode est aujourd'hui de 10 sur 10. Et les premières boutures ont fait quelques heureux à notre assemblée générale.



Cephalotus: boutures de rhizome.


Un autre procédé de multiplication végétative de Cephalotus en dehors de la division, à pratiquer au début de l'été, est le bouturage de rhizome et de racines.


Très productif, ce mode de propagation peut même s'observer dans la nature. Lors de la visite d'une station de Cephalotus, Stephen Rose remarqua que les plantes poussaient en abondance sur les berges d'une mare servant d'abreuvoir au bétail. "Les bêtes avaient piétiné les plantes, brisant les rhizomes et, de ce fait, les Cephalotus s'étaient multipliés jusqu'à recouvrir entièrement le sol."


Pratique du bouturage.

C'est à l'occasion du rempotage d'une plante bien développée que Bruce Pierson, de l'Australian C.P Society, prélève un petit nombre de racines ainsi que quelques-unes des ascidies et des feuilles pour réduire la transpiration en compensation de la perte des racines. Il dépose les segments de racines, long d'environ 1 cm, à la surface d'un mélange de tourbe (2) et sable (1) et les recouvre d'environ 3mm de compost.


Dans différents bulletins de l'International C.P Society, nous trouvons des indications sur le bouturage de rhizomes pratiqué par les spécialistes que sont Joe Mazrimas, Robert Riedl, Steve Rose et Donald Schnell. Il est conseillé d'opérer au printemps ou au début de l'été. On prélève des segments de rhizome longs de 1,5 cm à 5 cm ou bien on utilise le rhizome entier que l'on sectionnera ultérieurement entre les nouvelles pousses.


Les tronçons de rhizome sont laissés à l'air libre quelques heures de façon à ce que les extrémités puissent sécher; appliquer du fongicide (Ex. Benlate, Captan ...) sur les sections ainsi, éventuellement, qu'une hormone de bouturage.


Les boutures sont couchées sur le compost de tourbe et sable (ou sphagnum et perlite) et recouvertes d'une couche peu épaisse (de quelques mm à 2 cm) du même compost.


Maintenir une humidité régulière, sans excès toutefois pour éviter le pourrissement des extrémités de la bouture. Le pot ne sera donc pas posé sur une soucoupe emplie d'eau (comme pour une plante bien établie) mais on le placera dans un sac plastique transparent ou on le couvrira d'une vitre pour réduire l'évaporation. Tenir à l'ombre légère et, de préférence, à température assez élevée (plus de 20°C).


Les pousses apparaissent généralement au bout de 2 à 4 semaines. Habituer progressivement les plantules à l'air libre; il faudra attendre au moins une bonne année pour les séparer éventuellement et les transplanter.


Procédé efficace, certes; toutefois, Donald Schnell met en garde les débutants enthousiastes qui se lanceraient hâtivement dans la multiplication d'un (trop) jeune Cephalotus: c'est une règle essentielle en horticulture que de ne pas mettre en péril un unique exemplaire...


DIONÉE 15 - 1988