DROSERA hamiltonii

(Pierre SIBILLE)



L'extrémité sud-ouest de l'Australie, où la côte de l'île-continent forme une avancée dans l'Océan Indien, est une région particulièrement riche en plantes carnivores avec, en particulier, plusieurs espèces endémiques dont Cephalotus follicularis et différents Drosera, parai lesquels Drosera hamiltonii.


Drosera hamiltonii , décrit par Andrews en 19O3, est-il nommé Rosy sundew pour le vif incarnat de ses fleurs ou le reflet rougeâtre de ses feuilles ? C'est, en tout cas, dans la nombreuse tribu des droséras en rosettes, l'une des plus séduisantes espèces.


C'est aussi l'une de celles dont la distribution géographique est la plus restreinte, se limitant à quelques stations prés de la côte, entre Augusta et Albany, sur des sables tourbeux dans des endroits marécageux où cette plante est considérée comme très rare.


Drosera hamiltonii forme une rosette aplatie d'un diamètre de 5 centimètres, en moyenne, mais pouvant atteindre 7 centimètres. Les feuilles, plutôt étroites et assez charnues, dont le pétiole s'élargit insensiblement vers le limbe,ont une extrémité arrondie; d'un beau vert frais avec parfois une nuance rougeâtre, elles sont moins densément glanduleuses que d'autres droséras.


Dans son milieu naturel, c'est à partir de Septembre que cette plante développe lentement sa hampe florale haute de 30 à 60 centimètres qui porte, de 5 à 12 fleurs, parfois davantage. La floraison, fugace (chaque fleur ne s'épanouit que durant une journée) mais échelonnée (un intervalle de 2 à 4 jours sépare deux fleurs consécutives) s'étend de la fin octobre à décembre.


La fleur atteint 3,5 centimètres de diamètre. La corolle, en forme de coupe, est d'un rose plus vif que celle de D.capensis avec un réseau de veinules plus foncées; les bords des 5 pétales sont festonnés. Cinq étamines jaunes, presque aussi longues que les sépales, rayonnent autour du pistil terminé par 3 stigmates velus.



Drosera hamiltonii a un système radiculaire semblable à celui de Cephalotus : de longues racines fibreuses, épaisses, parfois ramifiées, constituant probablement une réserve de nourriture comme chez Drosera binata et D.capensis.

La végétation est permanente; au fil des années, la rosette tend à s'élever au-dessus du niveau du sol, les feuilles nouvelles recouvrent les vestiges des anciennes.



CULTURE

Cette plante se plaît dans un compost de tourbe (2/3) et de terreau de feuilles (1/3); un pot assez grand (12 à 15 cm) permet un bon développement des racines. Placer le pot sur une soucoupe remplie d'eau de pluie; en hiver, tenir le compost juste humide. Une exposition mi-ensoleillée convient à cette plante que l'on protégera des rayons directs du soleil en milieu de journée, I'été. En hiver, cette plante bénéficiera d'un emplacement abrité mais frais, voire assez froid, hors gel.


Si le froid semble nécessaire pour induire la floraison au printemps suivant, il importe de savoir que la région d'origine de D. hamiltonii jouit d'un climat de type méditerranéen avec des hivers doux aux très rares gelées.


Comme toutes les espèces à racines épaisses (D. aliciae, D. capensis , D. binata ) Drosera hamiltonii se reproduit par boutures de racine que l'on peut prélever en toutes saisons. Des segments de racine saine, longs de 2 à 3 centimètres et placés juste au-dessous de la surface du sol ou recouverts d'une fine couche de sphagnum, la terrine de bouturage étant maintenue en mini-serre aux environs de 20 degrés, peuvent donner des plantules au bout de quelques semaines. Il est possible aussi de faire des boutures de feuille. Mais la méthode de multiplication la plus aisée est, évidemment, la séparation des rosettes qui, avec le temps, apparaissent autour du pied-mère.



Bien que cette plante soit un peu trop avare de ses belles fleurs, l'aspect net de sa rosette si caractéristique, sa robustesse et sa durabilité en font un sujet de choix dans une collection de plantes carnivores.



Références

  • Flora of Australia vol 8
  • Rica Erickson: Plants of Prey
  • A. Slack: Carnivorous plants
  • A. Slack: Insect eating plants
  • New Zealand C.P. Society Journal vol 6 No 4
  • Gordon Cheers: Carnivorous plants


DIONÉE 14 - 1988