TOURBIÈRES "ARTIFICIELLES" (Trois articles de B. BOFF, Etienne GUILLOU et Christian BONNET)
L'un des objectifs d'un amateur de plantes est de restituer à celles-ci
une situation aussi proche que possible de leur habitat naturel. Voici trois exemples d'installation de tourbière artificielle, les deux premières en région parisienne, la troisième dans les environs de Toulouse. |
TOURBIÈRE DE B. BOFFL'installation d'une tourbière dans un jardin ne demande pas un gros investissement.
Maintenir une humidité constante surtout en été.
Pour éviter les limaces et les escargots, placer des appâts autour
de la tourbière.
En hiver on évitera de recouvrir la tourbe et le sphagnum par des
feuilles, la neige, lorsqu'elle tombera, formera la meilleure protection.
Éviter le plein ensoleillement pour Darlingtonia californica . |
TOURBIÈRE D'ETIENNE GUILLOU
LIEU : choisir un endroit bien ensoleillé et pas trop venté. J'avais
installé la tourbière à un endroit trop protégé du soleil, entouré d'arbres
persistants. Les Sarracenia restaient vertes, les Drosera aussi... La
croissance semblait freinée. Il y a exception pour l'Utriculaire aquatique
qui semblait apprécier cette situation : elle devenait énorme.
Inspiré d'un site naturel de Drosera, je l'ai installée plein sud, avec
des arbres persistants qui la protègent du Nord.
EVAPORATION : la tourbe mouillée est foncée, et donc, dès que le soleil
l'éclaire, l'évaporation devient importante, du fait de l'absorption
lumineuse. J'ai donc augmenté la profondeur (40cm) pour avoir une plus grande
réserve d'eau.
SPHAGNUM OU TOURBE : au début, je n'avais pas suivi les conseils d'Adrian
SLACK : "ne jamais introduire de sphagnum". En effet, les oiseaux ont labouré
la tourbière. Les merles en étaient les principaux responsables. Dernièrement,
les mêmes problèmes sont survenus car de la mousse fine s'était développée
auprès de jeunes plants de Droseras et... les merles l'avaient aussi remarquée.
La seule solution pacifique est l'épouvantail (et ça marche). Pour aérer la
tourbe, j'ai introduit du sphagnum au fond de la tourbière, recouvert par de
la tourbe blonde filamenteuse (Floratorf). Cela facilite l'alimentation en
eau des racines de CP.
BACHE PLASTIQUE : pour retenir l'eau et la tourbe, j'ai utilisé une bâche
de plastique tressé de 4 mètres sur 2,50 mètres disponible à CIMA-POINT P au
prix de 400 FF (environ). C'est onéreux, mais c'est une bâche très résistante
utilisée comme protection de remorque... qui est bien plus fiable que le
polyéthylène ou le polyuréthanne, face aux pierres coupantes, aux rongeurs...
ASPECT PÉCUNIAIRE :
Le tout pour une tourbière de 3 mètres sur 2 mètres. |
TOURBIERE DE CHRISTIAN BONNET![]()
J'ai créé cette tourbière en avril 1986, derrière ma maison. Elle est
adossée à un mur orienté à l'Est ; elle reçoit en toutes saisons le vent
d'Autan (chaud et desséchant). Elle est au niveau du sol.
Creusée à 50 centimètres, elle comporte au fond des briques pleines plates
(de récupération). Sur les côtés se sont en bas des blocs de "SIPOREX"
(matériau de construction très léger) ayant une bonne protection thermique,
récupérés sur un chantier et au-dessus des briques pleines. A l'intérieur
est posée une bâche armée (NORTENE) rabattue sur les cotés. Sur le dessus :
des arceaux en PVC utilisés pour les châssis en pleine terre (diamètre
6 mm) et, posé sur le dessus et à chaque extrémité de ce mini-tunnel, un
grillage PVC à mailles carrées fixé sur les arceaux. En hiver : couverture
à même le sol + paille sèche + produit contre les limaces + bâche plastique
à bulles récupérée dans les emballages + bâche armée fermée sur le dessus
(sur les arceaux).
La tourbe : je l'ai achetée en grande surface (38 FF) par balle de 120
litres (KB tourbe blonde d'Irlande). Il m'en a fallu une balle et demie.
Quand on remplit pour la première fois la tourbière, faire tremper la
tourbe dans l'eau de pluie pendant 24 heures. Et, quand on a rempli sa
tourbière à ras de tourbe, ne pas hésiter à marcher dessus pour la compacter
et en chasser l'eau. Rajouter de la tourbe mouillée jusqu'à atteindre le
niveau désiré. Prévoir une marge de sécurité de 3 à 5 centimètres au bord.
La tourbe achetée abrite très souvent des graines de bruyère et autres.
On a le plaisir en 6 mois de se trouver face à une "véritable" tourbière,
y compris de nombreux pieds de carex ! Fréquemment avant de planter recouvrir
la surface de quelques litres d'eau pour chasser les bulles d'air en profondeur.
Pour l'arrosage, j'ai trois procédés :
Il m'arrive aussi au printemps et en été de recouvrir toute la surface de
la tourbière de 3 à 5 cm d'eau (utilité du rebord, voir plus haut) dès qu'il
pleut grâce à un tuyau qui part d'une dérivation de la gouttière. Cela
compense la déshydratation des jours de vent.
Je dois signaler qu'ayant été absent de novembre à avril, je n'ai pas
pu m'occuper une seule fois de la tourbière. En novembre, je l'ai couverte d'eau,
puis une fois celle-ci résorbée, j'ai couvert le tout de produit anti-limaces,
de paille et des deux bâches plastiques. Je ne me suis occupé d'elle qu'en avril.
J'ai, à nouveau, recouvert le tout d'eau et enlevé les bâches. Tout a résisté,
pas une plante morte, pas un escargot.
SEMIS : étant parti en vacances en juillet-août 1987, les Drosera étaient
en fleurs. Elles se sont ressemées ; ayant arrosé par inondation les graines
se sont réparties très régulièrement. J'ai maintenant 100 à 200 Drosera
brevifolia de 5 mm à 2 cm de diamètre, 200 à 300 Drosera capensis de 1 à 5cm
de hauteur. S. psittacina va fleurir, les Pinguicula fleurissent chaque
année en mai, les Drosera vont fleurir d'ici le 15 juin.
Étant maintenant un peu envahi, je vais creuser une autre mini-tourbière pour y implanter uniquement les Sarracenia, elles sont un peu trop importantes et se répandent un peu trop à mon goût. |
Merci à nos trois amis de nous avoir décrit leurs installations.
DIONÉE14 - 1988 |