HELIAMPHORA MINOR

(Romain DUVAL)


Photos : Guy Chantepie



LOCALISATION GÉOGRAPHIQUE

Amérique du sud, Venezuela. Heliamphora minor habite ces étranges plateaux brumeux où elle vit dans des conditions relativement spéciales : elle pousse sur des landes plus ou moins marécageuses qui ressemblent très fort aux landes d'Écosse : un mélange terreux proche de la tourbe mais moins acide, des mousses de surface n'appartenant pas à la catégorie des Sphaignes, des Lichens, d'autres petites plantes naines, arbrisseaux, etc. ( H. minor se trouve sur le mont Auyan-Tepui.)


DESCRIPTION

H. minor est la plus petite espèce chez le genre Heliamphora. Les urnes mesurent rarement plus de 8 centimètres de haut. Comme chez toutes les espèces, la feuille ressemble à un cornet primitif et mal soudé, pour éviter l'excédent d'eau. L'urne est traversée par une ligne rouge vif longitudinale jusqu'en haut de la petite "cuillère" à nectar, également rouge. L'intérieur de l'ascidie peut être délicatement veiné de violet. Comme chez les Sarracenia, Heliamphora possède un petit rhizome, mais les racines se situent en dessous de la couronne de feuilles. Les urnes, de même que les racines, sont très dures et cassantes, alors attention lors des manipulations...

L'ascidie peut être observée en différentes parties : (en coupe longitudinale)

  1. Cuillère à nectar recourbée vers le bas (sinon lavée lors des pluies abondantes dans cette région).

  2. Zone de poils très fins, presque invisibles, surtout mouillés, mais faisant un contact râpeux avec le doigt ("Papier de verre"). Ce contact est doux lorsqu'on descend et râpeux lorsque l'on remonte. Les poils sont recourbés vers le bas.

  3. Zone de poils plus longs, blancs, légèrement inclinés vers le bas.

  4. Zone cireuse, à moitié submergée par l'eau du fond de l'ascidie.

  5. Zone de longs poils où sont stockés les restes des proies mortes. (système empêchant la pourriture de l'urne).


PERIODE DE FLORAISON

H. minor produit des fleurs toute l'année. Si par hasard, elle en produisait en hiver, je vous conseille de couper la tige à environ 5 centimètres des urnes, pas plus près car, le bout coupé pourrissant, il pourrait contaminer l'ascidie qui lui a donné naissance. (En effet, il est malaisé d'obtenir des graines et les plantules arrivent rarement à l'âge adulte). La fleur fatigue beaucoup la plante, et surtout en hiver, elle peut lui pomper toute sa vitalité (ce qui est arrivé à M. Chichery : parti pour un voyage, il s'aperçut à son retour que les urnes desséchées étaient mortes, mais la fleur, bien accrochée, continuait de vivre sur les réserves du rhizome de la plante...) La fleur est superbe, rose pâle. La hampe florale s'élève à environ 25 centimètres au-dessus du sol.


CULTURE

Dans son habitat naturel, H. minor pousse dans un humus noirâtre essentiellement composé de tourbe, c'est pourquoi elle se plaît dans ce milieu. Certains auteurs affirment qu'elle préfère de loin le sphagnum vivant, H. minor pousse tout aussi bien dans de la tourbe. L'essentiel, c'est que le milieu soit léger et surtout bien drainé : H. minor a horreur du "tray system". Au contraire, elle aime qu'on l'arrose par le dessus pour que l'eau pénètre bien le milieu et que les urnes en soient toujours pleines. Il est possible d'ajouter de l'engrais dans l'eau des urnes (très peu) pour obtenir un maximum de feuilles sans déformation de la végétation, ceci pendant la belle saison seulement.

H. minor aime les "spray" d'eau minérale aussi régulièrement que possible pour reconstituer l'humidité de son habitat naturel (en effet, un brouillard enveloppe tout en quelques instants et humidifie les plantes, sur le mont Auyan-Tepui).

L'habitat naturel d' H. minor étant les hauts plateaux, elle ne reçoit le soleil que le matin, et le reste du temps, (sous un ciel gris) elle ne reçoit que très peu de lumière, à cause des nuages. H. minor pousse très bien en terrarium, sous tubes fluorescents, par exemple, mais il sera alors difficile d'obtenir des plantes vertes avec la ligne longitudinale et la "cuillère à nectar" rouge vif... H. minor aime le soleil, mais pas trop tout de même, L'idéal est une fenêtre exposée au sud-ouest.

H. minor n'a pas de véritable période de "dormance", des urnes se forment même en hiver, bien qu'à un rythme moindre. En cette saison, il est conseillé de la vaporiser moins souvent.


PROPAGATION

La meilleure méthode est la division comme pour les Sarracenia. Une plante adulte forme des pousses d'urnes en différant endroits : attendez le printemps pour diviser, (attention aux racines et aux ascidies) mais surtout pas l'hiver : à cette saison, un amateur américain, R. Ziemer, divisa cinquante plantes : sur ces cinquante plantes, sept ont survécu à l'hiver, les plants ont pourri... Peut-être que la plante pourrait repartir du rhizome ? Selon Dorothea Huber, non... Pour diviser, sortir délicatement la plante de son pot avec son bloc de tourbe autour des racines, et plongez la dans un bol d'eau de pluie. La tourbe s'enlèvera d'elle-même. Ne jamais diviser quand la plante dépend encore du "pied mère".


CONCLUSION

Cette plante coûtant assez cher, je demande aux amateurs d'expériences "in-vitro" d'essayer cette multiplication. Les Allemands ont réussi, pourquoi pas nous ? Selon L. Legendre, grand spécialiste, le milieu serait proche de celui pour Pinguicula. Amateurs, à vos flacons !


RÉFÉRENCES

  • A. Slack : Insect eating plants
  • R. Ziemer (extraits d'observations)
  • Dorothea Huber, spécialement, un grand merci pour les renseignements.


DIONÉE14 - 1988