Pinguicula esseriana

(Laurent LEGENDRE)


Photo : Denis Feret

FAMILLE: Lentibulariaceae

Appartient au groupe Pinguicula et est du type tropical hétérophylle.

Cette espèce est originaire du Mexique et plus précisément de San. Vicente dans la Sierra Salamanca où on la trouve vers 1500 mètres d'altitude.
Elle a été décrite pour la première fois par B. KICHNER en 1981 mais était déjà cultivée dans divers jardins botaniques depuis 1977.


DESCRIPTION:

Elle se présente sous la forme d'une rosette dense en petites feuilles, qui rappelle celle d'un sempervivum. Cette rosette évolue au cours de l'année. En été, elle est faite d'une bonne cinquantaine de feuilles d'un vert d'autant plus clair que la plante reçoit plus de soleil. L'extrémité des feuilles est parfaitement circulaire et leur bord est recourbé vers la face supérieure. Elles sont dures et par là-même cassantes. La rosette d'hiver, visible de novembre à mars est, par contre, faite d'une soixantaine de feuilles plus plates, plus molles, d'un vert plus foncé et possédant moins de glandes. La taille de la rosette ne varie pratiquement pas au cours de l 'année et a, à l'âge adulte, un diamètre d'environ trois centimètres.

La floraison est abondante et s'étale sur toute l'année avec un maximum très marqué juste après Noël. Les fleurs sont toujours solitaires sur leur tige et ne restent guère plus d'une semaine, la pollinisation pouvant favorablement s'effectuer pendant le troisième ou quatrième jour de floraison. Le rythme de floraison est tel que l'on n'a jamais deux fleurs ouvertes en même temps, mais plutôt, une fleur fanée, une ouverte et une en bouton sur le même pied. Comme pour tous les représentants du genre Pinguicula, la corolle est constituée d'un seul pétale bilabié. La lèvre supérieure est divisée en deux lobes égaux, et la lèvre inférieure de trois lobes. Ces deux lèvres sont à peu près planes et forment entre elles un angle de 70 à 80 degrés. La fleur mesure environ 2,5 centimètres de diamètre. Leur éperon courbe mesure 1,5 centimètre. Elle est rattachée, juste à la base des échancrures entre lobes par une tige florale de 10 centimètres de longueur. Les 5 lobes ont à peu près la même taille (toutefois les lobes supérieurs sont un peu plus grands que les lobes inférieurs) et sont garnis d'une quantité de couleurs. Cela va du jaune au vert, à la gorge et à son pourtour, au bleu clair et au mauve sur les lobes. Le stigmate est d'un violet très foncé et est donc extrêmement visible au centre de la fleur. La gorge est densément poilue.

Les racines sont blanches, fines, nombreuses, courtes et ont tendance à ramper sur le sol si celui-ci est trop compact.


MODE DE CULTURE

La culture de Pinguicula esseriana pose relativement peu de problèmes.

Les racines de cette plante s'enfonçant peu profondément dans le sol, un pot de 2 centimètres de profondeur suffit. Le diamètre du pot devra être d'au moins 5 centimètres pour permettre aux racines de s'étendre au maximum.

La qualité principale du compost à utiliser sera de ne pas être trop compact. Le meilleur mélange me paraît être le suivant: tourbe (3/5) , sable (1/5), sphagnum (1/5) en utilisant pour la partie sable, du sable fin (pour moitié) et du calcaire (pour l'autre moitié). Le sphagnum, qui diminue la compacité du mélange, a hélas l'inconvénient de se décomposer avec le temps, ce qui a pour conséquence de durcir la terre. Un rempotage biannuel (en mai et en octobre) me paraît donc souhaitable, surtout pour les jeunes plantes. Comme pour la plupart des pinguicula, un mélange trop acide n'est pas bénéfique. Voilà pourquoi je préfère utiliser un peu de calcaire. Cette espéce étant très tolérante, un mélange tout simple à base de tourbe (2/3) et sable (1/3) peut lui suffire.

L'éclairage devra être abondant et pourra être complété par un éclairage artificiel traditionnel (tube néon). Toutefois, trop de soleil et une température trop élevée peuvent favoriser l'apparition d'une maladie caractérisée par le racornissement, le blanchissement du centre de la rosette et sa réduction. Ce phénomène est en fait passager et jamais mortel. Cette plante préfère être exposée à l'est.

Pour une bonne croissance, il faut maintenir le compost toujours humide avec un maximum dans les arrosages en été, et un minimum en hiver. Mais, là aussi, cette plante est très tolérante car elle supporte, sans dommage, aussi bien un excès d'eau (niveau d'eau à la hauteur des feuilles), qu'un manque total d'eau pendant plusieurs mois. Il faut cependant éviter de mouiller les feuilles (surtout si la plante n'est pas en extérieur), car cela provoque le dépérissement de la rosette.

L'hygrométrie ne doit pas non plus préoccuper son propriétaire, car cette plante vit aussi bien dans un aquarium clos, saturé en humidité, qu'en pot toute l'année dans nos appartements secs et surchauffés.

Il est bon, mais non indispensable, qu'une légère baisse de température (à environ 15 degrés C) accompagne la période hivernale.


MULTIPLICATION


Le réel avantage de cette plante est la facilité avec laquelle il est possible de la multiplier.

La première méthode est le bouturage des feuilles: il est aisé et donne les meilleurs résultats. Pour cela, autour des vacances de Pâques, on détache les feuilles les plus anciennes d'un pied déjà adulte. Notons qu'un arrosage important, une à deux semaines avant, provoquera une turgescence excessive des cellules et donc un détachement plus aisé des feuilles. On laisse ensuite cicatriser la plaie en maintenant les feuilles une demi-heure à l'abri du soleil sur un linge sec. Elles sont ensuite déposées (non enfoncées) sur un mélange de terre identique à celui des plantes adultes, un peu humide et arrosé par le dessous. L'apparition de plantules, dont la croissance sera au début très rapide, se fait une à deux semaines après. Les plants mettront trois à quatre ans pour devenir adultes. A titre anecdotique, notons que la réussite d'une telle méthode peut être obtenue en déposant tout simplement la feuille sur du sable sec.

Mais un tel bourgeonnement existe naturellement, et régulièrement tout pied adulte s'entoure de sa "progéniture". Ces jeunes plants peuvent être isolés, quasiment dès leur apparition en dehors du périmètre occupé par la plante mére.

La multiplication par graines est, elle aussi, envisageable. Hélas, l'obtention de graines est difficile voire impossible par autopollinisation car la quasi-totalité des espèces cultivées provient d'un même clone. La germination s'effectuera sur un substrat humide, identique à celui utilisé pour les plantes adultes. Une bonne aération devra être faite au-dessus du sol.

En conclusion, je dirai que cette espèce convient parfaitement à tous les débutants, car elle s'adapte facilement à de nombreux écarts de culture. De plus, elle apporte beaucoup de joie en produisant abondamment de magnifiques fleurs, ce qui devrait justifier sa présence dans toutes les collections.


BIBLIOGRAPHIE:

  • Insect-eating plants and how to grow them by A. SLACK

  • Das Taublatt No 1: "Pinguicula esseriana"


DIONÉE 13 - 1988