FAMILLE: Lentibulariaceae
Appartient au groupe Pinguicula et est du type tropical
hétérophylle.
Cette espèce est originaire du Mexique et plus précisément de San.
Vicente dans la Sierra Salamanca où on la trouve vers 1500 mètres
d'altitude.
DESCRIPTION:
Elle se présente sous la forme d'une rosette dense en petites
feuilles, qui rappelle celle d'un sempervivum. Cette rosette évolue au
cours de l'année. En été, elle est faite d'une bonne cinquantaine de
feuilles d'un vert d'autant plus clair que la plante reçoit plus de
soleil. L'extrémité des feuilles est parfaitement circulaire et leur
bord est recourbé vers la face supérieure. Elles sont dures et par
là-même cassantes. La rosette d'hiver, visible de novembre à mars est,
par contre, faite d'une soixantaine de feuilles plus plates, plus
molles, d'un vert plus foncé et possédant moins de glandes. La taille
de la rosette ne varie pratiquement pas au cours de l 'année et a, à
l'âge adulte, un diamètre d'environ trois centimètres.
La floraison est abondante et s'étale sur toute l'année avec un
maximum très marqué juste après Noël. Les fleurs sont toujours
solitaires sur leur tige et ne restent guère plus d'une semaine, la
pollinisation pouvant favorablement s'effectuer pendant le troisième
ou quatrième jour de floraison. Le rythme de floraison est tel que
l'on n'a jamais deux fleurs ouvertes en même temps, mais plutôt, une
fleur fanée, une ouverte et une en bouton sur le même pied. Comme pour
tous les représentants du genre Pinguicula, la corolle est constituée
d'un seul pétale bilabié. La lèvre supérieure est divisée en deux
lobes égaux, et la lèvre inférieure de trois lobes. Ces deux lèvres
sont à peu près planes et forment entre elles un angle de 70 à 80
degrés. La fleur mesure environ 2,5 centimètres de diamètre. Leur
éperon courbe mesure 1,5 centimètre. Elle est rattachée, juste à la
base des échancrures entre lobes par une tige florale de 10
centimètres de longueur. Les 5 lobes ont à peu près la même taille
(toutefois les lobes supérieurs sont un peu plus grands que les lobes
inférieurs) et sont garnis d'une quantité de couleurs. Cela va du
jaune au vert, à la gorge et à son pourtour, au bleu clair et au mauve
sur les lobes. Le stigmate est d'un violet très foncé et est donc
extrêmement visible au centre de la fleur. La gorge est densément
poilue.
Les racines sont blanches, fines, nombreuses, courtes et ont tendance
à ramper sur le sol si celui-ci est trop compact.
MODE DE CULTURE
La culture de Pinguicula esseriana pose relativement peu de
problèmes.
Les racines de cette plante s'enfonçant peu profondément dans le
sol, un pot de 2 centimètres de profondeur suffit. Le diamètre du pot
devra être d'au moins 5 centimètres pour permettre aux racines de
s'étendre au maximum.
La qualité principale du compost à utiliser sera de ne pas être
trop compact. Le meilleur mélange me paraît être le suivant: tourbe
(3/5) , sable (1/5), sphagnum (1/5) en utilisant pour la partie sable,
du sable fin (pour moitié) et du calcaire (pour l'autre moitié). Le
sphagnum, qui diminue la compacité du mélange, a hélas l'inconvénient
de se décomposer avec le temps, ce qui a pour conséquence de durcir la
terre. Un rempotage biannuel (en mai et en octobre) me paraît donc
souhaitable, surtout pour les jeunes plantes. Comme pour la plupart
des pinguicula, un mélange trop acide n'est pas bénéfique. Voilà
pourquoi je préfère utiliser un peu de calcaire. Cette espéce étant
très tolérante, un mélange tout simple à base de tourbe (2/3) et sable
(1/3) peut lui suffire.
L'éclairage devra être abondant et pourra être complété par un
éclairage artificiel traditionnel (tube néon). Toutefois, trop de
soleil et une température trop élevée peuvent favoriser l'apparition
d'une maladie caractérisée par le racornissement, le blanchissement
du centre de la rosette et sa réduction. Ce phénomène est en fait
passager et jamais mortel. Cette plante préfère être exposée à l'est.
Pour une bonne croissance, il faut maintenir le compost toujours
humide avec un maximum dans les arrosages en été, et un minimum en
hiver. Mais, là aussi, cette plante est très tolérante car elle
supporte, sans dommage, aussi bien un excès d'eau (niveau d'eau à la
hauteur des feuilles), qu'un manque total d'eau pendant plusieurs
mois. Il faut cependant éviter de mouiller les feuilles (surtout si la
plante n'est pas en extérieur), car cela provoque le dépérissement de
la rosette.
L'hygrométrie ne doit pas non plus préoccuper son propriétaire,
car cette plante vit aussi bien dans un aquarium clos, saturé en
humidité, qu'en pot toute l'année dans nos appartements secs et
surchauffés.
Il est bon, mais non indispensable, qu'une légère baisse de
température (à environ 15 degrés C) accompagne la période hivernale.
MULTIPLICATION
Le réel avantage de cette plante est la facilité avec laquelle il
est possible de la multiplier.
La première méthode est le bouturage des feuilles: il est aisé et
donne les meilleurs résultats. Pour cela, autour des vacances de
Pâques, on détache les feuilles les plus anciennes d'un pied déjà
adulte. Notons qu'un arrosage important, une à deux semaines avant,
provoquera une turgescence excessive des cellules et donc un
détachement plus aisé des feuilles. On laisse ensuite cicatriser la
plaie en maintenant les feuilles une demi-heure à l'abri du soleil sur
un linge sec. Elles sont ensuite déposées (non enfoncées) sur un
mélange de terre identique à celui des plantes adultes, un peu humide
et arrosé par le dessous. L'apparition de plantules, dont la
croissance sera au début très rapide, se fait une à deux semaines
après. Les plants mettront trois à quatre ans pour devenir adultes.
A titre anecdotique, notons que la réussite d'une telle méthode
peut être obtenue en déposant tout simplement la feuille sur du
sable sec.
Mais un tel bourgeonnement existe naturellement, et régulièrement
tout pied adulte s'entoure de sa "progéniture". Ces jeunes plants
peuvent être isolés, quasiment dès leur apparition en dehors du
périmètre occupé par la plante mére.
La multiplication par graines est, elle aussi, envisageable.
Hélas, l'obtention de graines est difficile voire impossible par
autopollinisation car la quasi-totalité des espèces cultivées provient
d'un même clone. La germination s'effectuera sur un substrat humide,
identique à celui utilisé pour les plantes adultes. Une bonne
aération devra être faite au-dessus du sol.
En conclusion, je dirai que cette espèce convient parfaitement à
tous les débutants, car elle s'adapte facilement à de nombreux
écarts de culture. De plus, elle apporte beaucoup de joie en
produisant abondamment de magnifiques fleurs, ce qui devrait
justifier sa présence dans toutes les collections.
BIBLIOGRAPHIE:
DIONÉE 13 - 1988
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