CARNIVORES ET MEDICINALES

(Philippe BRUNIN - Conservateur Musée d'Histoire Naturelle, Tournai Belgique)



Beaucoup d'entres nous doivent posséder dans leur collection quelques plants de Drosera rotundifolia L. sans se douter que c'est une plante médicinale employée très couramment de nos jours en pharmacie.

Cette plante carnivore encore appelée Rossolis, herbe à la rosée, oreille du diable, Rosella ou Rorella abonde dans les tourbières acides et bords d'étangs de France, Belgique, Hollande et surtout d'Europe centrale (Pologne, Hongrie, Roumanie, Tchékoslovaquie).

Ce sont ces derniers pays qui fournissent la totalité de la drogue commerciale. La plante entière est récoltée au moment de la floraison (juin - août) et rapidement séchée.


Les principes actifs qu'elle contient sont des naphtoquinones dont la principale est la plumbagine. Cette substance est un antibiotique efficace contre les streptocoques, staphylocoques et pneumocoques. La feuille fraîche est rubéfiante (détermine de la chaleur et rougeur de la peau).


Séchée la plante Drosera (Herba Droserae Rotundifoliae) est un antitussif, un spasmolytique de la toux nerveuse et possède des propriétés expectorantes et diurétiques. C'est un médicament recommandé et très efficace dans la bronchite, I'asthme et la coqueluche.

Elle est commercialisée en pharmacie sous forme d'extraits ou de teinture et entre dans la composition de nombreux sirops.


À la campagne, le jus de Rossolis est employé contre les verrues et en usage interne, comme antispasmodique et... aphrodisiaque!

L'infusion se prépare en versant 2 tasses d'eau bouillante sur deux cuillerées à café de la drogue. La tisane se prend par petites portions dans le courant de la journée. Signalons enfin que ce médicament est dépourvu de toute toxicité.


Si Drosera rotundifolia a garde ses lettres de noblesses dans l'industrie pharmaceutique, il n'en va pas de même pour Sarracenia purpurea L.

Cette plante (autrefois appelée tasse indienne, coupe de chasseur ou guêtre de grenouille) a été préconisée comme diurétique énergétique contre la variole et la rougeole mais semble avoir perdu tout crédit auprès des pharmaciens.


Au fait, combien d'entre nous cultivent leurs plantes carnivores pour en faire de la tisane ?




SOURCES :

  • DORVAULT. F l'Officine, 1978 Ed. Vigot
  • RAMAUT. JL Plantes et remèdes, 1977 Université Liège.
  • DRAPIEZ. B Dictionnaire des Sciences Naturelles, 1953, Bruxelles.
  • SCHAVENDERG. F et P M IS. F, Guide des plantes médicinales 1973, Delachaux et Niestlé.


DIONÉE 10 - 1987