Crucifiant Byblis gigantea (Victor SMYTH)
Je viens de perdre mon Byblis gigantea acquis il y a 8 mois, (après
deux ans de recherche) en un raid éclair sur Marston Exotics où j'avais
engagé avec John un combat à mort avec le Byblis comme trophée, le seul
exemplaire de la pépinière, et sans espoir de réapprovisionnement en
vue pour des années. Oh là là! Je suis trés ébranlé, je ne perds pas
beaucoup de plantes, et certainement pas de la classe de Byblis gigantea.
Quelque chose doit étre fait pour que cela ne se reproduise plus; aussi
ai-je à cogiter sur ce problème.
D'abord, considérons les conditions de culture de cette plante.
Celle-ci est originaire du coin sud-ouest de l'Australie où elle pousse
en hiver, car en été, les températures élevées et l'absence de pluies la
contraignent à flétrir. Ses racines restent à l'état dormant jusqu'à ce
que les pluies de l'automne les raniment; alors la plante pousse à nouveau,
la nature étant une chose merveilleuse.
Comme plusieurs personnes qui ont aussi subi des échecs, j'avais
obtenu cette plante si désirée en juillet, avec une pousse en cours de
développement. Elle était dans la serre où la température atteignait
presque 40°C. Le compost étant maintenu humide, la plante s'installait,
à son aise dans cette ambiance. Octobre, novembre, décembre, les
conditions étant toujours favorables, la plante fleurissait encore. Je
réalisai que j'avais à réduire l'apport d'eau si la plante devait entrer
dans sa période de repos. La plante flétrit, la température était à
présent descendue à 7°C. Pendant les deux mois suivants, la température
de la serre oscilla entre 2° et 7°C, et là, sur la tablette, dans son
pot, gisait la précieuse racine, gelant à mort, alors que chez elle,
elle aurait vécu sa "dormance" par des températures estivales. Lorsque
vint le moment où je tentai de ranimer la plante, avec un léger arrosage
elle avait, depuis longtemps, cessé de vivre.
Pour mon prochain Byblis gigantea (et j'en aurai un autre, même si
j'ai à en débattre chez quelque pépiniériste sans méfiance), je sais ce
que je dois faire. D'abord, ne pas laisser la plante en faire à son gré;
la mettre au sec progressivement, avant Noël . Ensuite, quand elle
sera fanée, je devrai la garder au chaud et alors, probablement,
réapparaîtra-t-elle plus tard pour montrer ses fleurs merveilleuses.
Ma seule "consolation" est qu'un ami demeurant en Australie a, lui
aussi, perdu, l'an dernier, toutes ses plantes adultes. Il m'assure
qu'elles peuvent être maintenues en végétation, sans période de repos.
Si j'en possédais une demi-douzaine, je pourrais essayer... avec juste
l'une d'entre elles.
N.D.L.R : Ce court article de notre ami Victor Smyth, nous apporte une
nouvelle fois la preuve qu'il est important de connaître parfaitement
l'écologie d'une nouvelle plante que l'on vient d'acquérir. Dans
la plupart des cas, nous agissons de façon irraisonnée, et il en
résulte bien souvent des déceptions, dont nous ne tirons pas toujours la
leçon.
DIONÉE 7 - 1986
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