Protection des biotopes

(René AUBRY)



Mr Yves Delange, Maître Assistant, chargé de la conservation des collections de serres de Paris et du jardin botanique exotique de Menton, nous a fait en toute amitié la réflexion suivante lors de l'exposition à la S.N.H.F., en juin dernier.

"Vous citez dans un article récent, paru dans votre revue Dionée, une localisation géographique assez précise d'une variété de plantes.

Tout en admirant la qualité de votre travail, je me permets en toute amitié de vous faire la mise en garde suivante :

Il existe malheureusement de par le monde des pilleurs de la nature, qui sont à l'affût de tel renseignement.

Ils n'hésiteront pas, si le jeu en vaut la chandelle, à se déplacer et à piller le site, s'il y a pour eux, assurance de réaliser de juteux bénéfices..."

Je relate de mémoire cette déclaration, en m'efforçant de ne pas trop trahir la pensée de son auteur.


Nous avons reçu de Jacques Haldi, une lettre dont j'extrais un court passage, à propos d'une tourbière où poussent des plantes carnivores, qu'il m'avait fait découvrir durant les vacances.

"J'aimerais que tu ne divulgues pas l'emplacement de cette tourbiêre, afin de garder ce lieu secret. Je crains, à juste titre, que cette tourbière ne devienne trop connue et que nos efforts de protection, soient réduits à néant, par des collec- tionneurs de plantes.

En Europe, principalement en Hollande, se développe un trafic de plantes carnivores.

Je sais, de source sûre que des amateurs, membres de l'association américaine, participent avec des collecteurs, à des expéditions pour piller des sites aux U.S.A. et au Brésil, où poussent des plantes carnivores afin d'approvisionner les marchés mondiaux...

...Il faut se méfier de l'effet " boule de neige " de certains renseignements".


Pour complèter ces différents témoignages, j'ai moi-même constaté à Paris, la vente de Drosera rotundifolia, plantes protégées par l'arrêté du 20 Janvier 1982 et simplement étiquetées Drosera sp, provenant de Rungis. Peut-être étaient-elles issues de cultures ? J'en doute fort !


Restons discrets, chers amis, sur la localisation précise de ces précieuses espèces, afin de ne pas les exposer à certaines convoitises "intéressées".


DIONÉE 6 - 1985