Cephalotus follicularis

(René AUBRY)


Photo : René Aubry


Nom botanique : Cephalotus follicularis - (Labill.).

Famille : Céphalotacées - C'est la seule espèce du genre.

Au XIX° siècle, les botanistes ont classé cette plante dans la famille des renonculacées, en raison de la structure de la fleur, puis dans celle des saxifragées.

Les botanistes sont d'accord aujourd'hui à en faire le type d'une famille nouvelle, celle des céphalotacées.

Noms communs et synonymes : Céphalote à follicules - Céphalote à ascidies.

Noms anglais : Western Australian Pitcher Plant - Albany Pitcher Plant.

Localisation géographique : Seulement localisé dans un triangle formé par les vilies de Perth - Augusta - Albany, dans la partie extrême de la côte ouest de l'Australie.


Période de floraison : En Australie : Janvier - Février. Dans l'hémisphère nord : Juillet - Août.

Période de croissance : Dès le début mars, apparaissent les nouvelles feuilles. Dans le courant du mois d'avril, les premiers pièges commencent à se former. La plante reste en végétation jusqu'en septembre - octobre. En été, la production de feuilles est pratiquement arrêtée, seuls les pièges continuent à pousser.

DESCRIPTION -

C'est une herbe vivace, à rhizome souterrain dont la taille ne dépasse guère 5 cm de haut. L'attrait de cette plante vient du fait qu'elle produit deux formes de feuilles bien distinctes. Les unes faussement radicales sont planes, ovales, sans nervures apparentes. Les autres, mêlées aux précédentes, sont transformées en ascidies très analogues à celles des Nepenthes.

Les urnes ventrues à la base, ailées, sont de couleur verte, marbrées de rouge si la plante pousse à l'ombre, et pourpre si elle est cultivée au soleil. Comme chez les Nepenthes, l'ouverture des urnes présente un bourrelet orné de crêtes teintées en rouge brun, et elle est munie d'un opercule fixe de même couleur que l'urne.

La hampe florale de 25 à 30 cm prend naissance au milieu de la rosette de feuilles et porte des grappes de petites fleurs blanches. Ces dernières sont insignifiantes, réduites à un calice de six lobes dans lequel on compte douze étamines (six petites et six grandes). L'obtention des graines ne devrait pas poser de problème, les fleurs étant hermaphrodites. Ne possédant que de jeunes plants, je n'ai malheureusement jamais obtenu de floraison.


MODE DE CULTURE -

Je cultive mes jeunes plants de Cephalotus dans des pots de 13 cm. Pour des plantes adultes, des pots de 15, voir même 17,5 cm sont préférables. Certains préconisent des pots en terre cuite, mais les pots en plastique conviennent également si l'on prend la précaution d'assurer un bon drainage. Deux à trois cm de tessons ou de gravillons dans le fond du pot suffisent. Le compost peut être composé soit de tourbe de sphaigne pure, soit d'un mélange de deux parties de tourbe, d'un peu de sable et d'un peu de terreau de feuille de hêtre ou de chêne haché grossièrement. On peut ajouter à ce compost quelques morceaux de charbon de bois pilé.

Comme pour les Nepenthes, on peut arroser avec un engrais dilué, à la moitié de la dose prescrite, toutes les trois semaines environ pendant la période de croissance.

Les pieds de Cephalotus sont tenus en serre tempérée pendant la belle saison. Cette serre pouvant être un terrarium que nous placerons à l'extérieur en évitant que ce dernier reçoive le soleil durant les heures les plus chaudes de la journée. Dès la reprise de la végétation, on arrosera plus copieusement la plante. On peut également poser les pots dans des soucoupes remplies d'eau jusqu'au niveau maximun de drainage. Les plantes se plaisent dans une atmosphère saturée d'humidité. Dès que l'eau contenue dans les soucoupes est presque absorbée, il faut en rajouter de nouveau.

Quand, vers la fin de septembre, des feuilles commencent à jaunir, on enlèvera les soucoupes. On continuera à arroser légèrement vers le haut pour maintenir un peu d'humidité. La plante sera tenue en serre froide ou tempérée pendant l'hiver. Un repos hivernal bien marqué est indispensable pour sa survie. Pour information, cet hiver, mes plants ont subi sans dommage des gelées légères à - 2° avec un maximum de - 4°. Je ne me risquerai pas toutefois à conclure que cette plante est rustique sous nos climats.


MULTIPLICATION

Par graines : La multiplication par semis est rarement tentée, peut-être parce qu'elle ne donne pas toujours de bons résultats. Peut-être aussi parce que la floraison n'a lieu en culture qu'au bout de plusieurs années.

Par boutures de feuilles : (communication de Jean-Paul Tournier) Fin mai, on pourra détacher des feuilles non carnivores bien formées. On coupera la feuille avec une partie de son pétiole en utilisant un outil bien tranchant. Les pièges assurant la photo synthèse, on peut enlever presque toutes les feuilles non carnivores, s'il reste suffisamment de pièges. On piquera les morceaux de pétiole dans le compost, et on les recouvrira légèrement. Une moitié des feuilles ayant été placées dans du sable et l'autre moitié dans de la tourbe, on a observé dans les deux cas, le même taux de réussite (aux environs de 70%).

On peut donc planter les feuilles directement dans de la tourbe comme des plantes adultes.

Les feuiiles ayant été plantées dans une petite caissette, on la recouvrira d'une vitre et on tiendra le tout un peu plus au chaud que les pieds-mères. On gardera le milieu humide, mais pas détrempé. Il faudra ombrager aux heures les plus chaudes de la journée, afin d'éviter que le soleil ne brûle les boutures, et que la température ne s'élève trop dans la caissette.

Les premiers signes de reprise n'apparaîtront qu'au bout de deux à trois mois. On habituera alors les jeunes plants à une atmosphère moins humide en soulevant la vitre un peu plus chaque jour.

Pour le rempotage, il est préférable d'attendre le printemps suivant. Le même genre de bouture peut être tenté avec des pièges que l'on détachera avec leur pétiole entier.


Par boutures de racines : C'est la méthode la plus souvent utilisée lorsque la plante forme une grosse touffe de feuilles et de pièges. On profitera d'un rempotage, au printemps, pour effectuer cette opération. Couper des morceaux de grosses racines en tronçons de 2 à 2,5 cm de long, à l'aide d'un instrument bien tranchant. Poser à plat les morceaux de racines sur le compost (tourbe + un peu de sable) et recouvrir légèrement. On peut pulvériser un fongicide en prévention. Si l'on a choisi un pot, on enfermera ce dernier dans un sac plastique, si c'est une caissette, on la recouvrira d'une vitre.

A partir de ce moment, on adoptera le même principe et on prendra les mêmes précautions que pour les boutures de feuilles. Laisser ainsi pendant plus de deux mois, jusqu'aux premiers signes de reprise. Pour rempoter, attendre que la plante ait au moins quatre pièges et de nombreuses feuilles.


Par division de plants : A la longue, les plantes forment de grosses touffes où lors de la reprise de la végétation naissent quelquefois deux bourgeons au lieu d'un. L'on peut séparer ces bourgeons, lorsqu'ils sont suffisamment pourvus de racines ou diviser les touffes. Cette opération se déroulera au printemps lors d'un rempotage et ne pose pas de problèmes particuliers. Replanter dans un compost frais et traiter comme une plante adulte.


CAUSES D'ECHECS

  • Un compost trop mouillé tout au long de l'année entraînera à coup sûr, la perte de la plante. Surtout pas d'eau sous la plante, en hiver.
  • Si l'on n'observe pas la période de repos, en hiver, en gardant la plante trop au chaud, la plante périra.
  • Employer aussi une tourbe non enrichie et utiiiser des pots suffisamment grands pour permettre une bonne croissance.
  • En hiver, débarrasser régulièrement la plante des feuilles et des urnes mortes pour éviter tout risque de maladies ou de moisissures.


CONCLUSION

Si l'on respecte ces exigences, le maintien en culture de cette plante ne pose pas de problème. Au début du siècle, cette plante était très répandue dans les collections. Aujourd'hui quelques rares jardins botaniques la possèdent encore, car très peu d'entre eux se sont souciés d'effectuer sa multiplication. Il serait souhaitable que des amateurs possédant des plants tentent d'en faire des boutures afin que cette petite plante curieuse et attachante soit plus répandue.


DIONÉE 5 - 1985