La protection des plantes en serres contre le gel

(Marcel LECOUFLE)



Les basses températures de janvier ont provoqué des difficultés de chauffage chez les différents amateurs qui tiennent leurs plantes carnivores (ou orchidées)en serres. Plusieurs d'entre eux nous demandent les possibilités de sécurité dans les cas de panne de courant électrique la nuit ou pour les baisses de température en dehors des heures de surveillance.

J'estime que le signal d'alarme est absolument indispensable dans les serres. Il existe des systèmes plus ou moins complexes qui peuvent être installés par des professionnels, mais les procédés les plus simples sont tout aussi efficaces et faciles à installer soi-même.

Pour le cas de baisse de température, il suffit de placer dans la serre, à l'endroit jugé le plus froid, un thermomètre avertisseur ou un thermostat à contact par abaissement de la température. Si par exemple la serre est tenue à 16°, on peut régler le thermostat aux environs de 10° pour le contact de l'alarme. L'alimentation doit être faite par pile ou par batterie et deux fils isolés passent par un interrupteur et une sonnerie d'alarme. Une pile ordinaire pour lampe de poche convient pour les petites sonnerres courantes.

Lorsqu'il s'agit d'être prévenu pour le cas de coupure du courant fourni par le secteur, installer un interrupteur à ampoule de mercure commandé par électro-aimant ou un relais à bobine d'induction. La bobine soumise au courant secteur sert de contacteur et ferme le circuit de la pile lorsque le courant se coupe, faisant entrer la sonnerie en service. Dans le cas de courant triphasé, les bobines montées en série permettent d'être prévenu lorsqu'une seule des phases vient à manquer. Dans les cas de serres situées à des distances trop importantes pour une liaison par fils, la transmission des alarmes peut se faire sans problème par émetteur onde courte ou par téléphone.

Les déperditions caloriques sont nettement diminuées en doublant les serres de film plastique. Mieux encore est le plastique "bulle" à alvéoles d'air ou bien les tubes de plastique soudés et montés sur fils de fer côte à côte; gonflés par une petite soufflerie, ils forment un écran très efficace. Lorsque l'on coupe celle-ci, les plastiques pendent, laissant passer davantage de lumière. Leur place idéale est à l'intérieur de la serre, mais ils occupent un volume important (30 cm sous le vitrage).

Les petites serres tant utilisées au siècle demier seraient idéales pour les périodes de gel intense. Ces serres avaient le plus souvent trois mètres de largeur et elles étaient enterrées. On y descend par des marches et seul le faîtage est hors sol. On les couvrait de paillassons les nuits froides. Elles nécessitent un drainage du terrain.

N'oublions pas les différences énormes de la température que l'on observe dans une serre chauffée entre le point haut et la partie basse. J'ai ainsi une serre "froide" de 3 m de hauteur, à plusieurs épaisseurs de plastique où j'ai constaté par gel intense une différence de plus de 20°c. entre le sommet et le niveau du sol. Pour uniformiser la température il est indispensable de ventiler. J'ai placé des ventilateurs prenant l'air à 20 cm du sol pour le souffler vers le faîtage, sinon les plantes disposées sur les tablettes les plus basses étaient soumises au gel. Cette ventilation apporte une économie importante de calories.

Plusieurs amateurs ont perdu des plantes par le gel de ce mois de janvier. L'un d'entre eux a perdu toutes ses orchidées. Parmi ceux-ci, aucun n'avait monté un système d'alarme. Puissent ces quelques lignes rendre service à ceux qui se fient entièrement à leur installation et à l'E.D.F., pour le maintien des collections établies au prix de tant de soins, de temps et d'investisements.


DIONÉE 5 - 1985