Les Drosera, plantes carnivores mais aussi plantes nourricières (Texte communiqué par Mme Claire Walsh, de Bruxelles)
Comme chacun le sait, le drosera capte et digère de petites proies.
Capture toute passive, se faisant grâce aux poils sécrétant un
liquide visqueux, à la face supérieure des feuilles. Ce liquide
contenant une substance analogue à la pepsine, digère donc la proie.
Avec une telle organisation, le drosera devrait être à l'abri de toute
attaque.
Cependant, il existe une petite chenille (1) qui jouit d'une
immunité quasi-complète, vis-à-vis des redoutables gluaux et qui de
plus s'en nourrit !
La chenille mesure 7 mm à sa taille adulte, elle est rougeâtre et
porte sur le dos de long poils, ce qui fait qu'il est difficile de
la discerner parmi les poils de la plante.
Il y a deux générations par an, dont l'imago vole respectivement
en juin et en août.
Comment cette chenille peut-elle éviter le piège mortel ?
Il semblerait que la glu n'adhère pas à la bestiole qui serait
protégée par un revêtement non mouillable (gras ou cireux).
Par contre, l'expérience montre que lorsque la main humaine
dépose n'importe où la chenille sur la feuille, cet insecte
est tout aussi exposé qu'une autre proie.
La chenille aurait une technique particulière d'évolution qui n'a pas
encore été expliquée.
La chrysalide est verte avec des tubercules roses sur le dos et la
chrysalidation a lieu sur une hampe florale desséchée.
L'imago, gris-brun, a de 12 à 15 mm d'envergure et vole au
crépuscule. Tout comme la chenille, l'imago se moque des pièges
puisque la femelle pond ses oeufs au coeur des gluaux !
Toutefois, l'habitat limité des drosera, la petite taille du papillon
et sa teinte peu voyante, font que le phénomène est rarement observé.
Mais tout de même tel est pris qui croyait prendre !
(1) Chenille du Ptérophoride Trichoptilus paludum.
DIONÉE 5 - 1985 |