Le comble pour une plante carnivore

(Pierre TOURMENTE)





Le comble pour une plante carnivore est de se faire attaquer par les pucerons.

Si mignons qu'ils soient, on ne peut laisser les pucerons sucer la sève de nos plantes, d'autant plus qu'il y a toujours risque d'apport de maladies à virus, et que, très souvent, les feuilles ou les tiges florales s'en trouvent déformées. Ces insectes s'attaquent aux parties les plus jeunes de la plante et l'affaiblissent. Les pucerons extraient une quantité importante de sève, mais ne gardent que le meilleur, le supplément étant immédiatement rejeté sous forme de miellat, produit riche en sucre sur lequel se développe un enduit noir, la fumagine, qui est produite par un champignon. Il est évident que pour supprimer la fumagine, il faut éliminer les pucerons.

Les pucerons donc, se nourrissent de sève, mais pas de n'importe quelle sève. Des études récentes montrent qu'une sève riche en substances solubles attire et retient plus particulièrement les pucerons. Et ces fameuses substances solubles (sucres, acides aminé, etc...) apparaissent volontiers dans les jeunes pousses vigoureuses, surtout à l'occasion d'un déséquilibre dans la nutrition de la plante. Autrement-dit, une plante placée dans de bonnes conditions de croissance (alimentation équilibrée, sans excès d'azote, sans carence en potassium et oligo-éléments) souffrira moins des pucerons.


Article de Jean-Paul Thorez "Sus aux pucerons" dans les "Quatre saisons du jardinage" paru dans le numéro 15.


Dans un autre article de Claude Aubert, des "Quatre saisons du jardinage" numéro 9, concernant l'eau et l'arrosage, j'ai relevé ceci:


- Excès ou insuffisance d'eau, deux erreurs à éviter.


Une autre conséquence moins connue, est de favoriser le développement de certains parasites, notamment les pucerons cendrés du poirier, les cochenilles, les acariens, les altises des crucifères. La carence en eau provoquerait une hydrolyse des protéines dans les feuilles, d'où une augmentation des substances solubles, qui favorise la multiplication des pucerons. La sécheresse augmente également la teneur des feuilles en sucres, aliment de choix de divers insectes.

Comme vous pouvez vous en rendre compte dans ces deux articles, une plante en bonne santé est plus résistante à toutes sortes d'attaques et pour cette raison, vos plantes carnivores que vous avez gardées en appartement tout l'hiver, devront prendre l'air et le soleil sitôt que la température le permettra (hors gel, 5 à 7°). N'oubliez jamais qu'une plante qu'on dit d'appartement est, dans une région du globe, une plante qui vit dehors.

Vous avez fait ce qu'il fallait et quand même, vous avez des pucerons.

Vous allez contre-attaquer gentiment mais efficacement.

Dans un article de "Carnivorous Plants" de nos amis américains, paru en mars 1983 et écrit par Steve Smith, ce dernierpréconise pour ses Pinguiculas du Mexique, une solution d'un quart de malathion (produit chimique) préparé dans un grand seau, la plante est alors immergée pendant trente secondes puis sortie et laissée égoutter. Il conseille de renouveler l'opération chaque semaine pendant deux ou trois semaines et les pucerons disparaîtront, sans conséquences fâcheuses pour les plantes. Steve Smith recommande de mettre des gants en caoutchouc pour que le produit ne pénêtre pas dans la peau.

Pour ma part j'ai adopté une solution plus écologique car, comme les plantes carnivores, je n'aime pas les produits chimiques.

Il suffit d'un récipient suffisamment grand pour que les plantes puissent y tremper complètement. Vous le remplirez d'eau chaude entre 40 et 50° maximum et y tremperez vos plantes carnivores pendant une minute. Puis vous les laisserez égoutter. Je n'ai pas eu besoin de refaire l'opération plusieurs fois et les plantes n'ont pas souffert. J'ai passé ce traitement à des Dionées, des Droseras, des Pinguiculas, un Cephalotus, un Nepenthes Gracilis.

On se serait cru au bord des mers chaudes. Peut-être retrouvaient- elles pour certaines, leurs pays d'origine !

Un Pinguicula caudata a paru moins bien supporter ce traitement. Il faut dire que ce sont des feuilles assez tendres. Dans ce cas-ci il est possible d'employer un insecticide en bombe qu'il est préférable d'injecter à l'intérieur d'un sac plastique dans lequel vous placerez votre plante, que vous enfermerez dans cette atmosphère, ce qui évite de pulvériser directement sur votre bien-aimée.

Malgré quelques brûlures à un de mes Pinguiculas, je reste convaincu que la méthode de l'eau chaude est la meilleure, mais pour le feuillage plus tendre, abaisser la température vers 40° plutôt que vers 50°.

Après tout, ferez-vous tout simplement comme notre ami René qui les enlève avec un pinceau sur lequel il a mis de la glu provenant des pièges, et hop ! un à un le tour est joué : n'est-ce pas normal pour un trésorier qui sait compter ? (Méthode très efficace pour les hampes florales).


Remerciements aux "Quatre saisons du Jardinage" (Revue pratique de Jardinage Biologique) 6, rue Saulnier - 75009 Paris.



DIONÉE 2 - 1984